ESPELETTE. HISTOIRE D’UN VILLAGE BASQUE

ROLAND MOREAU

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1979. La lecture de l’ouvrage de Roland Moreau est très rEvElatrice à  ce sujet : l’apparence coquette et chatoyante d’Espelette ne saurait (historiquement) faire illusion. Certes, une ” agrEable variEtE ” caractErise ce village : du Latsa, ruisseau ” grossi de plusieurs autres “, qui ” sillonne ” la localitE, au château imposant dressE sur une Eminence, en passant par l’Eglise qui possède l’un des plus beaux portails du pays, ” vaste vaisseau de style labourdin “, les maisons blanches et fleuries, aux boiseries de couleur, ou divers attraits locaux, comme le piment qui anime le hachoa et la pipErade et les pottoks en libertE dans la montagne. Mais l’histoire que retrace ici l’auteur ne ressemble qu’en partie (coutumes locales, pelote basque associEe au sentiment religieux) à  cette convivialitE patrimoniale. Les origines d’Espelette, prestigieuses et guerrières, se confondent, en effet, avec celles de la famille d’Ezpeleta – dont le premier seigneur fut don Aznar (citE en 1059) – associEe, dès cette Epoque, aux plus puissants barons de Navarre. Les seigneurs d’Ezpelata possEdaient un palais à  Pampelune et des biens dans la vicomtE de Labourd, dEfendus par le château d’Espelette, ErigE à  cette fin prEcisEment. Il leur fallait prEserver des intErêts substantiels de chaque côtE de la frontière : et Jean Ier d’Espelette (XIIe siècle), Alphonse d’Elpezeta (XIIe et XIIIe) (qui eut dans sa descendance lointaine Ignace de Loyola), Garcie Arnault II (XIVe siècle) se firent les champions d’une ” politique de bascule ” avec l’Angleterre, puis avec la Couronne de France à  partir de 1450. Ils tEmoignèrent de la même rudesse cupide et guerrière à  l’Egard des Ezpelatars avec lesquels ils eurent de frEquents litiges : en particulier lorsqu’ils voulurent faire de la seigneurie d’Espelette un Etat à  part dans la collectivitE (libertaire) du Labourd ; les crises se multiplièrent au XVIe et au XVIIe siècles, au point que le château fut dEtruit par les villageois en 1637, après l’occupation espagnole et que Louis de Froidour Ecrivit à  leur propos : ” Ils ont tous des fusils et des poignards. Le roi les a soufferts dans cet Etat tant pour les tenir en Etat en cas de besoin qu’à  cause de la difficultE qu’il y aurait à  leur faire perdre cette habitude. ” BousculEs dans leur sens profond de la libertE par les exigences rEvolutionnaires, les Ezpelatars soutinrent les curEs rEfractaires et bon nombre d’entre eux se retrouvèrent (en tant que suspects) dEportEs et enfermEs dans les Eglises des Landes, soumis à  un rEgime terrible (famine, manque d’eau et d’hygiène). Au XIXe siècle, après des annEes de misère, une certaine prospEritE revint. L’affaire des inventaires (1906) montra qu’ils n’avaient rien perdu de leur ferveur religieuse et le village fut à  l’origine d’une ” Eclatante floraison sacerdotale et religieuse “, le cardinal Etchegaray apparaissant naturellement comme l’Ezpelatar le plus cElèbre de tous.© Micberth

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