ROCHEFORT (LES PONTONS DE)

JACQUES HERISSAY

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1925. Dès les premiers mois de 1793, la dEportation des prêtres s’organise afin de les envoyer en Guyane ou à  Madagascar. Or, aucun navire n’est en Etat et les côtes sont assiEgEes par la marine anglaise. Les prêtres rEfractaires sont reclus dans l’entrepont de navires à  Rochefort : les Deux-AssociEs et le Bonhomme Richard abritant alors les galeux et les syphilitiques. Chaque matin, la dEsinfection de ces pontons d’à  peine 1 mètre 70 de haut est un supplice : on jette des boulets chauffEs dans un tonneau de goudron, d’o๠Emane alors une fumEe jaunâtre et Epaisse qui Etouffe les prêtres. La nourriture, rare et infecte, jointe à  l’insalubritE des lieux et à  la vermine qui ronge les corps, engendrent en 1794 une EpidEmie de typhus sur la Cabane carrEe, et les Deux-AssociEs : 11 confesseurs meurent en mai, 25 en juin. Deux chaloupes-hôpital sont ancrEes près des pontons : la vision de ces malades à  même le sol dans leurs dEjections, couverts de plaies, geignant de fièvre, est dantesque. En juillet, 100 prêtres succombent. Le 13 juillet 1794, un comitE de SalubritE descend les premières marches d’un ponton, et repoussE par l’odeur infecte hurle : ” Ce n’est pas ainsi que l’on traite des hommes !… Si, le soir, on mettait 400 chiens dans cet endroit-là , ils seraient tous crevEs le lendemain ou ils seraient devenus enragEs !… ” On transfère les prêtres sur l’Indien, et les malades à  l’Ile Madame, rebaptisEe Ile Citoyenne. Les cadavres ne sont plus jetEs à  la mer : on les enterre sur l’Ile d’Aix, puis sur l’Ile Madame. En aoà»t 1794, le constat est horrible : sur le Washington, sur 265 dEportEs, 20 sont morts et 36 malades ; sur les Deux-AssociEs, 245 sont morts sur 497. En octobre, il reste 201 malades, et 161valides ; fin septembre, 538 sont morts, 64 autres en novembre. A partir du 12 novembre 1794, les prêtres peuvent recevoir du courrier, et lire leur brEviaire à  haute voix. Le capitaine des Deux-AssociEs, vEritables bourreau, tente d’obtenir des survivants des certificats le dEdouanant des cruautEs qu’ils ont endurEes. Les 20 et 22 dEcembre, trois navires venus de Bordeaux abordent, chargEs de 630 prêtres. Mais la Charente gèle, et 237 prêtres sont envoyEs à  Saintes, accueillis par la population comme de vEritables hEros. Le 21 fEvrier suivant, la libertE de culte est rEtablie. Le 16 avril, tous les prêtres sont libErEs. C’est la fin du voyage au bout de l’horreur.© Micberth

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