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LA VIE COMMUNALE À SAINT-POL DE LEON ET LES COËTANLEM

Comme pour Morlaix, la prospérité de Saint-Pol s’explique par l’accès à la mer, avec les ports de Pempoul et Roscoff. Ses zones d’influence étaient les mêmes qu’à Morlaix : Normandie, Bordelais, Poitou-Charente et à l’étranger : Espagne, Portugal, Angleterre, Irlande, Flandres, pays baltes…

La ville était formée d’une seule paroisse, nommée le Minihy (ou asile), formée des sept paroisses qui existaient auparavant ; quatre étaient desservies dans la cathédrale mais avaient leurs paroissiens dans la campagne : Toussaint, Saint-Pierre, le Crucifix des Champs et Tregondern. Les trois autres, les paroisses de la ville, se nommaient : le Crucifix de Ville, Saint-Jean-Baptiste et N.D. de Cahel. La ville était totalement franche de l’impôt du fouage, en contrepartie, elle avait sa milice qui servait à sa défense, sans être obligée de suivre le roi en campagne. Comme toutes les milices urbaines, elle s’exerçait au tir (le papegault).

LE PAPEGAULT A SAINT-POL

Depuis fort longtemps, les autorités avaient ordonné des exercices publics pour former les hommes à la guerre. Lorsque l’invention des armes à feu eut bouleversé l’art militaire, on songea par divers exercices à familiariser les bourgeois avec ces nouvelles armes et à leur apprendre à s’en servir avec habileté. Cette formation était d’autant plus nécessaire que les bourgeois étaient chargés seuls de la défense de leurs villes. Au XVe siècle, le duc François II encouragea ces exercices dans ses états par l’institution du papegault. Il s’agissait d’atteindre à coup d’arbalète ou d’arquebuse un perroquet (papagaio en portugais, d’où papegault) en carton ou bois peint fixé au sommet d’une perche ou suspendu à une corde. Celui qui réussissait à abattre « le reste du joyau ou papegault » se voyait proclamé roi du papegault pour l’année, avec jouissance des « droits, honneurs, profits, émoluments et privilèges » attribué à ce titre.

En 1471, le duc François II publia un mandement en faveur de cet exercice avec exemption de fouage à ceux qui gagneraient le prix. Par d’autres lettres du 1er mai 1482, il confirma l’érection du jeu de l’arc, avec exemption à celui qui en serait le roi par l’abat de la cible, de toutes charges publiques pendant un an, et l’autorisation de faire vendre un certain nombre de pipes de vin franches de tous droits.

Les Coëtanlem furent à plusieurs reprises roi du joyau dans l’exercice du jeu de papegault de la communauté de Saint-Pol. C’est le 1er mai que l’on tirait au papegault et jusqu’en 1709 on le plantait au sommet du clocher de Saint-Pierre. A cette époque la communauté décida que cet exercice aurait lieu à l’avenir dans le cimetière de Saint-Roch.

Le roi d’une année était tenu de faire confectionner le papegault à ses frais l’année suivante, de payer six livres pour la liberté de le planter dans la tour de Saint-Pierre et trois livres pour le service religieux qui était dit annuellement pour le repos des archers trépassés.

Le 11 mai 1647, le syndic de Saint-Pol déplore que la somme octroyée par le roi à celui qui abat le joyau n’est que de 22 sols 6 deniers par barrique et pour 100 barriques « ce qui est cause que la plupart des habitants et artisans négligent de venir tirer au dit joyau, égard aux grands frais qu’il convient faire à celui qui l’abat, excédant de beaucoup le devoir octroyé, et ainsi ne se munissent d’armes et ne s’aguerrissent, qui causerait que l’ennemi se présentant, ne serait en état de la repousser et de se défendre » ; les habitants décidèrent unanimement de donner 300 livres au vainqueur sur les deniers communs en attendant que le syndic se pourvoit auprès du roi pour obtenir une augmentation, et demande sur ce sujet, le consentement des États. Le 20 mai 1647, dernier jour de la tenue, les États autorisent la communauté de Saint-Pol à prendre 300 Livres sur ses octrois pour récompenser l’abatteur du papegault.

La même année 1647, Hamon Coëtanlem, sieur de Launay, a abattu le papegault, et dans l’espoir des 300 livres d’émolument promises, il a fait de grands frais ; elles ne lui avaient toujours pas été versées en 1650. Les émoluments promis étant perçus sur les impôts et billots de la ville, à certaines époques, les « rois », tel le sieur de Coatdou qui abattit le papegault en mai 1649, eurent quelques peines à recevoir les sommes qui leur revenaient, au point que l’institution risqua, à plusieurs reprises, de tomber en désuétude.

Le 14 mai 1658, c’est Christien Coëtanlem, sieur de Goazillou, à son tour, qui est roi du joyau.

En 1669, un arrêt du conseil d’état enjoignit à tous les particuliers de la communauté de Saint-Pol qui prétendraient jouir des droits de papegault, privilèges et exemption des impôts et billots de Bretagne, de présenter leurs titres originaux à un commissaire chargé de leur vérification. En conséquence, le syndic de la ville présenta sa requête au commissaire avec les lettres du roi portant permission de prendre la somme de 300 francs par an sur les deniers de l’octroi de Saint-Pol qui était affermé 3.210 francs, outre l’ancien droit de 22 sols 6 deniers par barrique de vin jusqu’à concurrence de 25 tonneaux dont il jouissait.

Plus tard, en 1680, le duc de Chaulnes voulut exiger que les sommes attribuées au papegault fussent à l’avenir annexées à l’hôpital général ; mais les habitants ayant fait valoir la situation côtière de leur ville et la nécessité qui en découlait pour eux d’être entraînés au maniement des armes pour s’opposer à toutes incursions de l’ennemi, furent confirmés dans leurs droits.

Avec le temps, la prise en charge de la défense des côtes par des troupes professionnelles et permanentes rendit inutile ces exercices. Ce fut en 1770 que le papegault fut supprimé par lettres patentes et arrêt du conseil et leurs droits réunis à ceux des hôpitaux afin qu’ils se chargent des enfants trouvés.

LES CONFRERIES

Les années 1450-1520 furent marquées dans les cités bretonnes par une multiplication des confréries de caractères très divers : professionnelles, pieuses, paroissiales, hospitalières… outre la recherche de sécurité qui incitait à adhérer à ces « sociétés d’assurance » tant spirituelles que temporelles, les raisons de la montée en puissance de ce courant associatif purent être le souhait de pallier les carences du clergé, l’impulsion de certains clercs ou encore le désir de certains métiers ou de certains corps de la société de préciser leurs statuts. Au XVIIe, il y avait à Saint-Pol cinq confréries : de Saint Eloy, du Rosaire, des Trépassés, de Notre-Dame du Mont Carmel et du Saint Sacrement.

A Saint-Pol, siège d’un évêché, la confréries des Trépassés avait un caractère pieux et de secours mutuel :

« si aucun des frères, par hasard ou fortune, et sans sa coulpe, devient à la pauvreté, est ordonné qu’il sera aidé des biens communs de la dite confrérie selon sa condition, à la discrétion des abbés et conseillers »

Mais avait-t-elle aussi un caractère professionnel ? Si elle excluait les personnes de mœurs douteuses, nous ne connaissons pas ses effectifs et sa composition précise. Nous savons que les biens de cette confrérie provenaient des cotisations annuelles, dons et droits d’entrée. Ils étaient administrés par deux abbés et sept conseillers (un par paroisse). Le 21 avril 1533, lors de son érection, Michel Coëtanlem, sieur de Keravel, est nommé conseiller pour le vicariat de Saint-Pierre. Un siècle plus tard, le 2 mars 1637, les habitants nomment écuyer Christien Coëtanlem, sieur de Goazillou, parmi les conseillers de cette confrérie des Trépassés.

On peut constater une stratégie cléricale tendant à exercer une véritable tutelle sur les confréries. En juin 1628, deux ans après une épidémie de peste qui avait ravagé Saint-Pol, les Minimes tentèrent de faire ériger la confrérie du Rosaire en leur église, avec la construction d’une chapelle ; mais ils se heurtèrent à l’opposition des Carmes qui prétextèrent être « en droit, de longue possession, de faire en ces jours (premier dimanche de chaque mois) les solennités de la confrérie de N.D. du Mont Carmel ». Les Minimes reviennent à la charge en juillet 1633, feignant d’attribuer leur échec et la prohibition du vicaire général à la création possible d’un couvent de Dominicains à Saint-Pol. La seule cause véritable de leurs difficultés résidait en fait dans l’opposition des Carmes. A cette époque, les relations entre les Carmes et les habitants se tendent de plus en plus. La confrérie du Rosaire sera l’occasion pour la communauté de s’opposer aux Carmes et de s’allier avec les Minimes. Aussi, le 14 septembre 1633, Christien Coëtanlem fait partie des sept députés qui tentent (sans difficultés!) de faire concéder aux pères Minimes l’autorisation d’ériger la confrérie du Rosaire. Cette tentative n’aboutit pas et la question sommeilla encore une dizaine d’années.

LA LIGUE

La nouvelle religion calviniste avait fait son apparition en Bretagne en même temps que dans le reste de la France, vers 1540, mais le terrain breton ne se prêtait pas à la Réforme. Quelques grandes familles nobles et leur suite adoptèrent les idées nouvelles et tentèrent de susciter une dynamique… sans succès. Leurs motivations, plus politiques que religieuses, se heurtèrent à l’indifférence des bretons et à la position très ferme de l’évêque de Léon, Mgr Rolland de Neufville qui empêcha la diffusion des idées protestantes.

Avec le concile de Trente qui se déroula de 1545 à 1563, l’église catholique romaine opposa aux protestants une révision complète de sa discipline et la réaffirmation solennelle de ses dogmes. Ce fut la Contre-Réforme (ou réforme catholique).

Aussi personne ne prévoyait l’évolution de la crise politique et religieuse lorsque, sous l’autorité des Guise, des catholiques s’étaient réunis en 1576 pour constituer la Ligue. Cette dernière était un mouvement de protestation contre les progrès des idées nouvelles et les facilités accordées aux calvinistes pour la propagation de leurs erreurs.

Après l’assassinat des Guise, le duc de Mercoeur, alors gouverneur de Bretagne, entraîna sous la bannière de la Sainte Union la majeure partie de la province ; la ville de Saint-Pol embrassa alors le parti de la Ligue. Seules trois places firent exceptions : Brest, Pont-l’Abbé et le château de Kerouzéré à Sibiril près de Saint-Pol. Dès 1590, ces deux dernières places tombèrent : Christien Coëtanlem, écuyer, sieur de Keravel, qui avait suivi le parti de la ligue, fut pris, désarmé et tué dans un combat entre les royalistes et les habitants de Saint-Pol le 20 mai 1590.

C’est cette année que le duc de Mercoeur avait ordonné au seigneur de Goulaine d’attaquer la château de Kerouzéré, tenu par Boiséon, Goësbriant, Kerandraon et autres. Après six semaines de siège et des tirs d’artillerie, le 19 novembre 1590, la place avait capitulé.

A la suite de la Contre Réforme, Saint-Pol a vu au XVIIe la fondation de plusieurs couvents. Ces créations s’expliquent en partie par la richesse de la ville liée à la production agricole du pays et au commerce qui en découlait. Ces fondations, dépendant de la charité publique et de la communauté de ville, finissaient par grever lourdement les finances locales.

RAPPORTS AVEC LES MINIMES

Le 24 avril 1622, les habitants de Saint-Pol délibérèrent, appelés à son de cloche en la chapelle N.D. du Creisker, par devant noble homme Hamon Coëtanlem, sieur de Chef du Bois, lieutenant de la cour de Saint-Pol, Christien Coëtanlem, sr de Goazillou… et plusieurs autres gentilshommes. Ils donnèrent leur consentement pour l’établissement des frères Minimes en la ville de Saint-Pol, « sans toutefois que les habitants soient obligés ni puissent être aucunement recherchés pour ledit bâtiment et entretien et nourriture des religieux qui pourront être au dit couvent » ; on verra qu’il en fut autrement…

Saint François de Paule, d’abord ermite en Calabre, avait fondé au XVe siècle un nouvel ordre auquel il donna par humilité le nom de Minimes. Appelé en France par Louis XI, ce saint y fit connaître sa règle et y établit plusieurs couvents. La duchesse Anne de Bretagne voulut leur donner une maison à Nantes, mais ils ne s’y établirent qu’en 1589 ; Pierre Cornulier, évêque de Rennes, y fonda un couvent de Minimes en 1621 ; en 1624, Prigent Le Ny de Coatelez, chanoine et trésorier de la cathédrale de Léon, fit don aux Minimes de sa maison canoniale pour en faire un couvent. Il fut plus tard établi un quatrième couvent à Saint-Fiacre, à une demi-lieue de Morlaix. Ces religieux faisaient un carême perpétuel.

Le 8 juin 1635, Maître Christien Coëtanlem, écuyer, sr de Goazillou, étant avocat de la communauté de Saint-Pol, les registres de la ville font apparaître que la communauté a voulu donner la somme de 800 livres par an durant l’espace de 9 ans pour le bâtiment des pères Minimes. Depuis 1627, elle a donné 500 livres/an jusqu’en 1635. De 1635 à 1644, 800 livres par an. De 1644 à 1653, 400 livres par an pour la construction des bâtiments. Ces sommes étaient prélevées sur les débits de boissons.

Le refus ou le retard de paiement occasionna de longues procédures qui remontèrent jusqu’au conseil d’état du roi où Carmes et Minimes faisaient cause commune pour être payés. Ainsi en 1645, le miseur G. Calvez est condamné à payer l’annuité de 800 livres réclamée par les Carmes.

Le 19 novembre 1645, la ville, en la personne de son syndic Hamon Coëtanlem, sieur de Launay, se voit attaquer devant les tribunaux, à la fois par les Minimes, par les Ursulines, réclamant de part et d’autre 800 livres, puis par Richard Denys, ci-devant procureur-syndic, qui fait valoir les créances qu’il a depuis sa syndicature, et enfin par les Carmes.

Le 7 décembre 1648, une sentence de la cour des requêtes condamne Hamon Coëtanlem, sieur de Launay, précédemment syndic, à payer aux Minimes 100 livres pour le 1er quartier de 1645, et le syndic en fonction à payer 400 livres par quartier pour les années 1647 et 1648.

Le 6 mars 1649, a lieu une transaction entre les pères Minimes de Saint-Pol, le Sr Coëtanlem du Plessis et honorable Pierre Pichard, syndic de la communauté.

RAPPORTS AVEC LES CARMES

Pour houleux que fussent leurs rapports avec les Carmes, deux membres de cette familles étaient rentrés dans cette communauté : Tanguy Coëtanlem avant 1587 et Claude Coëtanlem, sous le nom de frère Joseph en 1631.

Les Carmes, de l’ancienne observance, étaient venus primitivement d’Orient où ils suivaient la règle des anciens solitaires. Après s’être établis à Paris et Nantes, ils fondèrent des couvents dans toute la Bretagne. Le couvent des Carmes de Saint-Pol fut restauré en 1618 sous l’épiscopat de Mgr de Rieux. Le nombre des religieux atteint dans tout le pays plus de 300 sous Louis XIV.

Comme pour les Minimes, il semble que la pression financière de ces communautés sur les finances de la ville se soit rapidement révélée difficilement supportable, entraînant de nombreux procès. Pour les mêmes questions d’argent, des heurts se produisent aussi avec les paroissiens : Les Carmes sont en procès avec Christophe Coëtanlem pour un banc et deux emplacements de tombe, alors fort cher, dans leur église en 1626.

En 1645, c’est à la ville et à son syndic Hamon Coëtanlem, que les Carmes s’en prennent comme responsable en place du précédent syndic insolvable, Guillaume Calvez, contre lequel ils avaient obtenu un arrêt de la chambre des comptes en mai 1645.
– Arrêt obtenu « par surprise et attentat à l’autorité des juges », réplique Coëtanlem.
– « du tout » ripostent les Carmes, qui font comprendre que l’empressement dans leurs revendications n’est pas sans motifs, car « ils ont eu avis que le sieur de Coëtanlem est grandement obéré, et qu’il se sert, ainsi que faisait Guillaume Calvez, son prédécesseur, des deniers de la ville pour payer ses dettes »

Le 19 novembre 1645, la ville, en la personne de son syndic Hamon Coëtanlem, sieur de Launay, se voit attaquer devant les tribunaux, à la fois par les Minimes, par les Ursulines, et enfin par les Carmes, qui demandent 800 livres à eux dues pendant la miserie de Guillaume Calvez, plus 200 livres pour l’année 1645, plus 400 livres que la communauté avait promises à noble homme Jean-Baptiste de Kermabihan et qu’il leur aurait léguées.

Puis, son frère Jacques Coëtanlem lui succède ; autre nomination fâcheuse pour les Carmes qui ne peuvent guère, même par les voies légitimes faire aboutir leur réclamation. En effet la considération dont ceux-ci jouissaient dans la région était telle que les pères Carmes pouvaient se plaindre de ce « qu’il ne se trouve dans ce pays aucun sergent ou officier qui veuille agir contre les Coëtanlem, gentilshommes crains et redoutés ».

Pourtant, le 4 août 1651, un huissier, le Sr Ballon, résidant à Saint-Malo, vint à Saint-Pol, logeant à l’hôtellerie de l’Écu de France, près de la halle, pour contraindre Hervé Coëtanlem, sieur de Chef du Bois, syndic à son tour, à payer aux Carmes de Saint-Pol les 1.336 livres qui leur étaient dues.

LA JUDICATURE

La petite noblesse a continué d’exercer très fréquemment des charges de basse judicature et de notaires. Pourtant le prestige de celles-ci avait commencé à décliner ; Loyseau, qui écrivait au début du XVIIe siècle, considérait déjà que les activités de notaire, greffier et procureurs étaient dérogeantes ; les bretons étant très processifs et les litiges étant très fréquents, les emplois offerts par les juridictions étaient très nombreux et facilement accessibles à la petite noblesse.

Il n’était pas rare de voir les cadets de famille s’engager dans la carrière des offices. Le droit successoral breton était en partie responsable de l’obligation où ils se trouvaient de chercher fortune en dehors de la seigneurie lorsque leur aîné ne pouvait les entretenir. Depuis 1185, pour éviter un morcellement excessif, la transmission des fiefs était régie par l’assise du comte Geffroi qui édictait que « toute seignourie doit aller à l’ainzné des enffanz ». La rigueur de la primogéniture était atténuée par l’article 561 de la coutume. Le départ des cadets distendait nécessairement les liens de famille et cette habitude eut pour conséquence de rendre aujourd’hui difficile l’établissement de filiation précise. Les Coatalem ou Coatanlem subsistant pourraient descendre de ces cadets.

Deux types de justice coexistaient : Les justices royales et les justices seigneuriales. Mais la distinction des cours royales et des cours seigneuriales était plus apparente que réelle. Ce sont souvent les mêmes magistrats et avocats qui composaient les deux espèces de tribunaux. En effet, s’ils ne cumulaient pas plusieurs emplois, la faiblesse de leurs gages ne leur permettait pas de vivre.

1) Les justices royales

Christien Coëtanlem, écuyer, sieur de Keravel, était receveur de la cour séculière en 1539 ; la cour séculière de Saint-Pol se tenait alors à Lesneven. En 1564, le roi Charles IX établit à Saint-Pol un juge qui aurait à connaître seulement des cas royaux.

2) Les justices épiscopales : Les regaires

La justice épiscopale exercée sur l’étendue des possessions temporelles de l’évêque était très importante en Léon. Aussi, le nombre d’officiers de justice au service de l’évêque fournissait un grand nombre d’opportunité.

Tanguy Coëtanlem, seigneur de Kergadiou, licencié-es-loi, fut pourvu le 16 octobre 1559 par Rolland de Chavigné, évêque de Léon, de l’office de procureur général en la juridiction des regaires de Saint-Pol-de-Léon, en lieu et place de feu Jean Kerguelen. On appelait regaires la juridiction temporelle et les droits attachés à un évêché. Lorsque l’évêque était, comme celui de Léon, seigneur ou co-seigneur temporel de sa ville épiscopale, les regaires formaient une haute-justice. Le regaire de Saint-Pol s’étendait sur les sept paroisses du Minihy, Roscoff, Batz, Ouessant, la plus grande partie des paroisses de Guimiliau et Treflaouénan ainsi que le bourg de Carantec. La juridiction s’exerçait à Lesneven ou Guissény.

Le 15 avril 1628, Hamon Le Jacobin, procureur fiscal de la cour de Saint-Pol, nomma pour son substitut ordinaire Maître Christien Coëtanlem, écuyer, sieur de Goazillou, avocat en cette cour. Les procureurs représentaient les particuliers et parfois le pouvoir public.

Hamon Coëtanlem, sr de Chef du Bois, est lieutenant de la cour des regaires de Léon dès 1622. Son fils, Hamon Coëtanlem, écuyer, sieur de Launay, succéda à son père dans la charge de lieutenant et juge ordinaire de la cour des régaires de Léon. Le lieutenant était le juge de première instance pour les procès civils et criminels.

Le 30 mai 1644, écuyer Christien Coëtanlem, sr de Goazillou, ancien avocat, fut pourvu par Robert Cupif, évêque comte de Léon, de l’office de lieutenant de la juridiction des regaires de Léon.

Autre élément du pouvoir temporel des évêques, l’exploitation des fours représente une source de revenus non négligeable. La ferme des fours de Saint-Pol rapportait 60 livres au début du XVIe siècle. Ces fours, dont les revêtements en briques réfractaires sont l’objet d’un entretien constant, assurent en principe les besoins d’une population qui n’a pas le droit de cuire son pain à domicile. Cependant, le 27 février 1539, à Saint-Pol, Jehan Kerguelen, procureur, et Christien Coëtanlem, receveur de la cour séculière, exposent au sénéchal Jehan Le Scaff, docteur-es-lois, que l’évêque et ses prédécesseurs ont leur four en la ville de Saint-Pol, et sont en mesure de contraindre les habitants de venir y faire cuire leur pain, et spécialement ceux qui vendent le pain au détail comme ceux qui n’ont pas de four en leur maison. Mais il y a néanmoins plusieurs habitants qui, prêtant leurs fours à d’autres, ne respectent pas le droit de l’évêque, lui causant un manque à gagner. Détesté comme les meuniers, les fourniers exigeaient traditionnellement pour leur commission un pain sur vingt-quatre, soit un peu plus de 4%.

3) Les justices seigneuriales

Le 25 mars 1628, Christien Coëtanlem, écuyer, sr de Goazillou, avocat, fut pourvu par le comte de Boyséon de l’office de lieutenant de la seigneurie de Kerouzéré-Trogoff, laissée vacante par la démission de Guillaume Trédern, écuyer, sr dudit lieu.

Le 29 mai 1630, Christien Coëtanlem, écuyer, sr de Goazillou fut pourvu de l’office de bailli des juridictions de Penannech par Jean Ryvoalen, chevalier, seigneur de Meslean.

4) Les notaires

La montée des transactions et du commerce, entre autre, avait nécessité la production de preuves écrites délivrées sous scellés et autres modes d’authentification. Tout contrat d’héritage de plus de cent sous monnaie devait être passé par deux notaires, et chacun de ceux-ci tenait un répertoire des contrats qu’il avait eu l’occasion d’établir. Les actes étaient rédigés et signés par des notaires, ou « passeurs de contraz » faisant suivre leur incroyables paraphes du qualificatif « passe ». Si à leur début, ces tâches furent remplies par des clercs, elles s’étaient presque entièrement sécularisées au XVIe siècle. Cette demande d’une juridiction gracieuse poussa à partir du XVe siècle de nombreuses personnes vers le notariat, en particulier dans les villes qui étaient le siège de juridictions royale, seigneuriales ou épiscopale comme Saint-Pol.

Si de nombreux notaires étaient roturiers, cette profession qui pouvait à l’occasion être très lucrative n’était pas dérogeante au XVIe siècle. Malgré que les constitutions ne le spécifient pas, la plupart des notaires-passeurs semblent avoir été nobles, et souvent même issus des plus anciennes familles de Bretagne. Au temps où « les contrats se passaient en latin, il fallait que les notaires fussent sçavants et qu’ils apprissent le droit ; de sorte que les personnes de condition ne refusaient pas cet employ, ce qu’elles eussent fait s’il les eut privés de leur noblesse. Mais, depuis que l’on a contracté en français, les nobles ont refusé de se mêler de cette charge et l’ont abandonnée à des roturiers. » Il ne faut cependant pas prendre cette opinion au pied de la lettre pour la Bretagne, où, dès la fin du XIIIe siècle, les actes ont commencé à être rédigés en français. Pratiquement, c’est depuis la réunion de la Bretagne à la France que les nobles abandonnèrent les fonctions de notaire : en 1532, François Ier le constatait pour le reste de la France.

Du XVIe au XVIIe siècle, ils occupèrent ces fonction à plusieurs reprises :
– Michel Coëtanlem, sieur de Keravel, est qualifié de « Passe » (notaire) sur plusieurs actes qu’il signe avant 1532.
– Louis Coëtanlem est notaire de la cour de Saint-Pol (les régaires) en 1574-1597. Le 23 juin 1541, le nombre de notaires épiscopaux avait été ramené à huit à Saint-Pol.
– Yves Roc’huel, sieur de Kertanguy, époux de Marguerite Coëtanlem, était notaire de la cour de Saint-Pol vers 1570-1580.
– Louis Coëtanlem est notaire à Saint-Pol-de-Léon en 1686.

LES ETATS DE BRETAGNE

La communauté de ville de Saint-Pol avait le droit de députer aux États de la province. La Bretagne, comme d’autres pays récemment annexés à la France, était dotée d’États, assises composées des représentants du clergé, de la noblesse et du tiers état. C’est à partir de 1352 qu’étaient apparus aux États des représentant des villes. La fonction essentielle des États consistait à voter les impôts et défendre les privilèges des bretons. Les États remplissaient aussi un rôle de gardien des libertés bretonnes en faisant publier en 1539 l’Ancienne Coutume et en 1580 la Nouvelle Coutume. L’ordre du Tiers était représenté par les députés de 42 communautés qui avaient obtenu droit de séance pendant les États. Il s’agissait pour chaque ville de réduire le plus possible sa part dans la contribution à fournir au royaume et de s’opposer à toute levée illégale d’impôt.

Les villes prétendaient au libre choix de leurs représentants, et les États les soutinrent dans cette voie. Le 12 octobre 1612, les habitants de Saint-Pol réunis en assemblée, désignèrent Christien Coëtanlem, sr de Goazillou, comme procureur général et spécial et le députèrent aux États à Redon. A cette époque chaque ville désignait un seul député.

En 1614, les États demandèrent au roi d’arrêter une liste définitive des villes qui députeraient aux États Ils en proposèrent 44, liste qui fut acceptée et qui comprenait Morlaix et Saint-Pol. Roscoff était représenté par le même député que Saint-Pol-de-Léon.

Après 1630, les États qui jusque là s’étaient réunis régulièrement chaque année pour une session d’une durée de six semaines à deux mois, n’eurent lieu que tous les deux ans. Richelieu prit cette mesure, sans aucun doute, en vue de réduire les oppositions et se fit nommer gouverneur de Bretagne en 1631.

Les Coëtanlem figurèrent aux États comme députés du Tiers et n’y pouvaient figurer autrement attendu qu’ils étaient pourvus d’offices de judicature qui privaient les nobles du droit de siéger et de voter aux États dans l’ordre de la noblesse pendant qu’ils exerçaient les fonctions de juges. Ce cas n’avait rien d’exceptionnel puisqu’à la même époque, c’est un noble, M. de Kergariou qui était député du Tiers pour la communauté de Morlaix. Les États ordonnaient toujours par délibération du 2 décembre 1736 que les officiers de judicature seraient imposés dans les rôles de la capitation du Tiers. Ils arrêtèrent la même année de ne rien changer à l’usage d’imposer au tiers les gentilshommes faisant la profession d’avocat.

Si en 1632 Saint-Pol avait délégué un seul député, Yves Dagorne, sr de Keromnes, en 1634 ce sont deux députés qui sont envoyés : écuyer Christien Coëtanlem, sr de Goazillou et Nicolas Kerozven, écuyer, sr de Penvern, avocat. Dès cette époque, il apparaît donc que Saint-Pol avait reçu le privilège de déléguer non plus un, mais deux députés.

Lors des États de 1636, le 19 novembre à Nantes, Hamon Coatanlem, écuyer, sr de Launay, lieutenant de la juridiction de Saint-Pol et Christien Coatanlem, écuyer, sr de Goazillou, avocat, sont députés de la communauté de Saint-Pol. Le 9 janvier 1643, pour assister à la session des États à Vannes, on nomme écuyer François Le Roux, sieur du Menec, bailli des regaires, et écuyer Christien Coëtanlem, sieur de Goazillou, avocat.

Le 30 décembre 1644, la communauté de Saint-Pol nomma deux députés pour assister aux États à Rennes le 8 janvier 1645. Les commissaires qu’elle avait choisis pour régler les dépenses de ses députés assignèrent à écuyer Christien Coëtanlem, sr de Goazillou, lieutenant de Saint-Pol, le somme de 9 livres par jour et à Guillaume Calvez, sr des Tourelles, leur syndic, la somme de 7 livres par jour pour le temps qu’ils seraient occupés à cette députation « allant, venant et séjournant ». Sans chef depuis la mort de Richelieu, les États de 1645 décidèrent d’offrir à la régente Anne d’Autriche le gouvernement de la Bretagne. Celle-ci après un présent de 50.000 écus, accepta cette charge purement honorifique. Mazarin poursuivit la politique de Richelieu. Il nomma Louis de Coëtlogon intendant pour se procurer des ressources. Le parlement s’opposa par arrêt à cette nomination, le gouvernement cassa l’arrêt de la cour, laquelle refusa d’obtempérer. La « Fronde parlementaire » commençait.

Le 6 mars 1647, Christien Coëtanlem, sieur de Goazillou, lieutenant de la juridiction de Saint-Pol, et Hamon Coëtanlem, précédemment syndic, assistèrent aux États à Nantes.

Malgré un courte trêve conclue en mars 1649, la Fronde en « robe » va faire place à celle des princes. Le 15 mars 1649, La communauté décida qu’écuyer Jacques Coëtanlem, sieur du Plessis, précédemment syndic, n’ayant point été aux États pendant le temps de sa charge, et Tanguy Le Borgne, sieur du Valfontaine sont délégués à la prochaine tenue des États Le 26 mai 1649, il fut décidé que Pierre Pichart, syndic, remplacerait Tanguy Le Borgne. Ces États se réunirent à Nantes le 15 juin 1649, malgré les injonctions du parlement qui soutenait la cabale du duc de Rohan et prétendait interdire toute session des États Ceux-ci votèrent une adresse de fidélité au roi et à la régente qui évita un embrasement à l’ouest du royaume.

DANS LES INSTANCES MUNICIPALES

A Saint-Pol, le syndic demeurait 2 ans en fonction et était chargé de 2 bâtiments publics : la maison de santé et la chapelle ND du Creisker.

L’entretien du Creisker

Avant d’être transféré à la puissance de l’état ecclésiastique, le Creisker était gouverné par la communauté. Jusqu’au commencement du XVIIe, « la congrégation et assemblée générale des nobles, bourgeois, manans et habitans de la ville cité et communauté de Saint Pol de Léon » se tenait au Creisker. Après cette date la communauté prit pour lieu de séances l’auditoire de la juridiction des regaires de Léon.

Le 4 septembre 1656, sont venus trouver Mgr Henri de Laval, Vincent Hamon, promoteur de Léon, Tanguy Le Borgne, sieur de Valfontaine, syndic, écuyer Pierre de Kermellec, sieur de Kersaudi, Hamon Coëtanlem, sieur de Launay, Jacques Coëtanlem, sieur du Plessis, Jean Le Déduyer, sieur de Feunteunmeur, etc…, disant que lors de la dernière visite de l’évêque à la cathédrale, le 1er septembre 1656, ils ont eu à se plaindre de la carence de réparations du Creisker. En conséquence, l’évêque prescrivit une expertise des réparations.

En effet, ces réparations s’imposaient si l’on en juge par les précédents accidents : le 23 novembre 1628, le tonnerre était tombé sur la pointe de la flèche du Creisker et « l’abattit de la hauteur d’une picque ». En décembre 1630, le tonnerre abattit encore la pointe de la flèche, brisa l’escalier du clocher, fendit le chanceau de bronze et causa divers autres dégâts ; une femme fut même tuée dans la chapelle. Un accident semblable survint encore en 1640 et plusieurs personnes furent tuées ; un clocheton, en outre, fut détruit. La tour fut restaurée la même année par les soins des prêtres du séminaire qui firent faire dans tout l’évêché de Léon une quête dont ils tirèrent 3.000 livres. Le clocher sera encore foudroyé en 1680, 1770 et 1816. Il a été entièrement restauré en 1995.

Syndic et miseur

Vers 1636, Christien Coëtanlem, sieur de Goazillou, avocat de la communauté était miseur. Le 2 mars 1637, les habitants ordonnèrent au sieur Yves Lazennec de lui payer les gages pour le temps de sa miserie à raison de 32 livres par an.

Le 6 janvier 1645, l’assemblée se réunit en l’absence du syndic qui était aux États, mais pria de s’y trouver quatre ou cinq des anciens syndics, lesquels proposèrent plusieurs noms. Les habitants ayant reconnu plus à propos de procéder à l’élection par scrutin et billets, élirent écuyer Hamon Coëtanlem, sieur de Launay, pour syndic et pour contrôleur maître Hamon Daniou.

Le 6 janvier 1647, à la majorité des voix, Jacques de Coëtanlem, sieur du Plessis, fut élu syndic, entre les trois candidats présentés. Après quoi, Hamon Coëtanlem, sieur de Launay, précédemment syndic exposa qu’il aurait été chargé, lors de la dernière visite de l’évêque de Léon de faire instituer deux fabriciens pour la messe communale, pour les sept paroisses du Minihy desservies en l’église cathédrale.

Le 13 mars 1648, le syndic Jacques de Coëtanlem fut chargé de fournir les luminaires et écussons nécessaires pour les cérémonies en la cathédrale pour le repos de Mgr le baron de Pontchâteau, en son vivant lieutenant du roi en ce pays. Le 5 juin de la même année, les habitants chargèrent le syndic Jacques de Coëtanlem de poursuivre l’opposition, en la cour de Lesneven, à l’établissement par le seigneur de Guernisac, d’un jour de marché à chaque jeudi, et de trois foires par an, au bourg de Penzé, appartenant au sieur de Guernisac.

Le 4 août 1651, Hervé Coëtanlem, sieur de Chef du Bois, est syndic. Le 7 juin 1661, écuyer Christien Coëtanlem, sr de Goazillou, est syndic et miseur de la communauté de Saint-Pol.

Passage du suffrage universel a un conseil restreint en 1648

Jusqu’au XVIIe siècle, le suffrage universel avait persisté à Saint-Pol-de-Léon en matière d’affaires municipales. En juin 1648, Jacques de Coëtanlem, syndic et miseur de la communauté, remontrait au Parlement « Combien que la dicte ville et communaulté ne soient royalles, c’est l’une des considérables de la Province où il se rencontre journellement des occasions pour faire assembler les habitants d’icelle, pour délibérer des affaires du Roy et aultres pour le bien public, ce que désirant faire, il faisait sonner la campana, pour convoquer tous les dits habitantz à l’assemblée » les habitants les plus notables ne s’y trouvaient que rarement, mais seulement une foule d’artisans, qui au lieu de délibérer, n’apportait que « de la confusion et du désordre ». Le syndic demandait par conséquence au Parlement d’être autorisé à convoquer tous les habitants pour élire chaque année vingt notables, rééligibles, qui délibéreraient sur les affaires de la commune, sous peine de 20 livres d’amende contre tout absent à l’assemblée sans excuse légitime. Ce qui est assez piquant, puisque quelques jours plus tard, le 21 juillet, Jacques de Coëtanlem réunira « une assemblée à la sourdine, pour ainsi dire clandestine, n’ayant fait sonner que 10 coups de cloche », alors que l’ancienne coutume voulait que l’on sonnât pendant une heure ou plus.

Le 12 mai 1648, le Parlement rendit un arrêt favorable en réduisant l’amende à 10 livres. Mais il semble que cette mesure ne fut pas suffisante puisque le 27 décembre 1658 et 7 juin 1661, écuyer Christien Coëtanlem, sr de Goazillou, alors syndic et miseur de la communauté de Saint-Pol, obtint un arrêt du parlement contre les notables habitants qui manqueraient de se trouver aux assemblées de la communauté.

Des missions pour la communauté

A – Lors de la délibération des trois ordres du 3 août 1620, la noblesse demande l’établissement des Jésuites à Saint-Pol et propose de députer à Rennes le sieur de Coatjestin et Hamon Coëtanlem, sieur de Chef du Bois, pour prier le supérieur général qui s’y trouve de venir jusqu’à Saint-Pol pour étudier le moyen d’y établir un collège. Il semble que cette requête ne fut pas suivie d’effets. Il y avait en effet des réactions de méfiance, voire de rejet face à ce nouveau modèle éducatif que représentait le collège classique mis au point par les Jésuites.

B – La défense de la région côtière de Saint-Pol était une des préoccupations majeures du conseil de la ville. le 15 mars 1632, le sieur de Kerenac’h, capitaine des gardes-côtes, exposa à la communauté que :

« suivant le commandement du seigneur de Coëtinisan en l’appel du ban et arrière-ban et garde-côte de cet évêché, il aurait fait faire montre de tous les habitants des trois paroisses de cette ville, et qu’il serait à propos d’assurer ledit seigneur du nombre qu’on pourra fournir pour le service de sa majesté, tant de cette ville que des autres paroisses du minihy »

à cette fin on députa le sieur de Kermabihan et Christien Coëtanlem, sieur de Goazillou, pour l’assister à aller trouver Claude de Boiséon, sr de Coëtinisan, gouverneur militaire de Morlaix.

LE CUMUL OFFICES-MARCHES

A Saint-Pol, on connaît seulement Christien Coëtanlem pour s’être adonné au commerce maritime et à la piraterie. Il est vrai que cette activité était parfois trop risquée. Profitant de la montée des transactions commerciales, les Coëtanlem s’imposèrent peu à peu dans les principales juridictions (seigneuriales et épiscopales), dans le conseil de la ville en tant que syndic et miseur, sans négliger de cumuler leur fonctions électives avec la soumission à des marchés alors très lucratifs.

Les marchés de travaux publics (voirie, défense) offraient des perspectives de profits importantes et diversifiaient les manières de faire fructifier un capital. On les adjugeait à la chandelle, au moins disant, et l’on pratiquait lors des baillées un système de primes aux soumissionnaires pour attirer les manieurs d’argent de la ville. L’été était mis à profit pour réaliser les travaux publics et de voirie, l’hiver rendant les chantiers inaccessibles.

Le 30 juin 1642, écuyer Hamon Coëtanlem, sieur de Launay, exposa à tous les habitants de Saint-Pol-de-Léon qu’il était adjudicataire pour la construction du pavement de la route, depuis le manoir de Kersaoulté jusqu’à la croix de la chapelle de Sainte-Catherine, et que, par le procès-verbal des bans, on n’aurait porté que 110 toises, alors qu’il y en avait 120.

Le 5 juillet 1642, les députés nommés pour visiter le travail dont il était question, estimèrent qu’il aurait fallu en faire encore 75 toises. On décida que l’on ferait bannir le lendemain au prône de la messe communale, et mardi jour de marché, à qui voudrait entreprendre la construction du pavé pour le moins cher.

Le 7 août 1642, les députés déclarèrent que le pavé était bien construit, mais l’ayant mesuré ne lui avait trouvé que de 114 toises et demi. On décida de payer pour les 4 toises et demi supplémentaires. Puis le sieur Coëtanlem de Launay offrit de continuer les 75 toises de pavé pour 300 livres. La ville enjoignit alors au syndic de faire bannir à qui voudrait entreprendre pour une moindre somme.

UNE DOMINATION PESANTE

Cette omniprésence dans les instances où ils détenaient les leviers de commande, ce népotisme, irritait fort leurs opposants. Le 19 février 1632 se tint une assemblée générale des habitants de Saint-Pol auxquels il fut exposé par écuyer Hamon Coëtanlem, sieur de Chef du Bois, lieutenant des régaires, écuyer Christien Coëtanlem, sr de Goazillou son frère, et Hamon Coëtanlem, sr de Launay, son fils, faisant tant pour eux que pour Hervé Coëtanlem, écuyer, sr du Plessix, que :

« certains malveillants, pour les rendre odieux à la justice, leur auraient objecté qu’ils étaient personnes violentes et qu’ils tenaient le pays et la ville en subjection, tant par leur violences et menaces, qu’abusant de l’autorité qu’ils possèdent en la juridiction ; bien que ce soit pures calomnies, et qu’il est notoire qu’ils ont toujours vécu avec les autres habitants en bonne paix et intelligence et comme tels auraient servi le public avec toute sorte de passion et fidélité, ayant toujours été employés par la communauté en leurs affaires les plus urgentes, et de plus grande conséquence, comme leur députés, tant pour la défense des procès que pour assister aux assemblées des états de la province et qu’autres affaires… »

Il semble en effet qu’ils n’aient pas fait l’unanimité autour d’eux et se soient même depuis des décades attiré des haines farouches conduisant à des duels mortels. La lettre qui suit date de 1561 :

Charles par la grâce de Dieu, roy de France à tous présents et à venir, scavoir faisons nous avoir receu humble supplication de notre pauvre subject Danyel de More dict Lorie, détenu prisonnier à la prison de la court de Sainct Paul de Léon, contenant que puis seix semaines il alla pour le service et par le commandement de notre aimé féal conseiller et orateur l’évesque de Léon son maître à sainct Paul de Léon pour l’exécution d’ung arrest de notre court de parlement de ce pays le jour et la feste de la purification Notre Dame ; estant de dans l’église catédralle dud. Sainct Paul au costé du coeur vers l’évangile o environ les trois ou quatre heures après le commencement de vespres se adressa à luy Hamon Coetanlem demandant à parler trois motz ou quatre à luy, ce qu’ayant le suppliant accordé, luy dist led. Coetanlem telles ou semblables parolles qu’il y a long temps que nous avons querelles ensemble, si tu es homme de bien sors et rouer trois coup d’espée pour faire lad. querelle et esteront après grans amys ; et sur ce led. suppliant demanda aud. Coetanlem s’il en avoict grand envye qui luy rendit que ouy ; quoy voyant led. suppliant pour éviter querelle par la vertissement de Phelippe Le Louet aultre serviteur dud. evesque de Léon et qui estoit avecq luy à se pourmener en lad. église sortit par la grande porte d’icelle et pensa se retirer ; et comme il s’en alloict pour gaigner et entrer en la maison épiscopalle dud. Léon, demeurance de sond. maître, ayant son espée au costé, fut poursuivy par led. Coetanlem, lequel led. Louet s’efforsa empescher de sortir hors de lad. église après led. suppliant ce que ne pouvant faire pour n’estre assez fort ; led. Coetanlem se secouant, sortit après led. suppliant l’espée nue en la main, en disant au suppliant, c’est la coustume de fuir, et led. suppliant se retournant et ayant la main sur l’espée se sentit frappé d’ung coup de plat dedans l’estomac ; dégaynant lad. espée et se sentant ainsi blezé, tirèrent quelques coups d’espée l’ung contre l’autre, de sorte qu’ilz furent tous deux blezéz, savoir led. suplliant comme dict est en la poitrine et led. Coetanlem d’ung seul coup en la gorge de faczon qu’il tomba à terre ; et se relevent, se départirent et s’en allans, chacun de son costé, bien tost après décéda led. Coetanlem ; a raison de quoy auroit esté led. suppliant constituer prisonnier vers luy d’auctorité de la court dud. Sainct Paul, procédé à enquestes et informations d’office et dud. cas interrogé ; et sur requeste par il présentée en notre court de parlement auroit esté dict led. suppliant estre amené en seurgarde aulx prisons de la court pour par elle estre ordonné au procès comme de rayson ; et doubte combien que par le passé il eust bien honnestement vescu sans avoir jamais commis aulchun cas digne de repréhension et que led. Coetanlem auquel il ne voulloict aulchun mal ne déplaisir fust agresseur et aucteur dud. conflict et l’eust incité et provocqué à mectre la main à l’espée contre luy par les moyens dessusd. ou le voudroict pour raison dud. cas condempner souffrir deux mort s’il n’avoict niz lettres de grâce, rémission et pardon au cas nécessaires, humblement nous requérant celles, nous à ces causes etc…

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LES DÉBOUTÉS LORS DES RÉFORMATIONS DE LA NOBLESSE DE BRETAGNE (1668-1671)

Pour des raisons essentiellement fiscales, l’administration de Louis XIV décida de fixer la liste des familles de la vraie noblesse, et comme telle exemptes de certains impôts. La vérification eut lieu en Bretagne entre1668 et 1671, et fut confiée à une chambre composée de parlementaires dont la liste est la suivante (entre parenthèses, le nombre de dossiers de déboutés traités) :

Jacques Barrin, sieur de Boisgeffroy, (6)
Maurille de Bréhand (38)
François Denyau (54)
Joachim Descartes, sieur de Chavagnes, (42)
Jacques Huart, sieur de Beuvres (33)
Louis de La Bourdonnaye de Coëtion, (43)
Louis de Langle de Kermorvan (22)
Vincent-Exupère de Larlan (30)
Nicolas Le Feubvre de La Falluère (15)
François Le Febvre de Laubrière (mort en 1668)
Jean-Claude Le Jacobin (62)
Guy de Lesrat, (14)
René de Lopriac (15)
René de Poix, sieur de Fouesnel (mort en 1669)
Guillaume Raoul de La Guibourgère (15)
Jean Saliou, sieur de Chefdubois (36)

Établie à partir de plusieurs manuscrits originaux, cette liste recense les familles qui ont été condamnées à 400 livres d’amende pour usurpation de noblesse. La sentence pouvait paraître un peu sévère quand on sait que dans certaines familles, une branche était maintenue et l’autre non. Nombre de ces déboutés le furent faute d’avoir pu produire les pièces nécessaires compte tenu de l’exigence d’un délai précis, la chambre n’ayant travaillé que pendant une durée limitée, c’est à dire à peine trois ans : « Plusieurs nobles qui étaient dans le cas d’être maintenus ne purent point parvenir à l’être dans l’espace de 3 années ; les absences, les minorités, les difficultés de recouvrer aussi en peu de temps les titres égarés en purent être la cause légitime… ».
Il faut aussi mentionner les pertes et destructions d’archives, les frais de déplacement pour se les procurer, les frais pour se faire délivrer des extraits, tels que les extraits de la chambre des comptes de Nantes, les archives retenues par une autre branche de la famille, etc….

Face à une situation et à l’urgence, la tentation de fabriquer des faux était forte : En dehors des cas de faux patents, signalés en début de manuscrit et sévèrement réprimés par de lourdes amendes, voir dans les cas extrêmes par un bannissement « Guy Gillet, sieur de Cramaignan, demeurant paroisse de la Meilloure, évêché de Saint-Brieuc, banni à perpétuité de la province pour avoir fabriqué faussement un acte », les déboutés n’étaient pas les seuls à produire des faux : ainsi Alain Bouais, de Cancale, est maintenu « et néanmoins condamné à 190 livres d’amende au Roi et 50 livres d’aumônes pour actes faux par lui qui sera lacéré en audience… »

Mais le déboutement n’était jamais définitif : il n’était que provisoire et suspensif, jusqu’à ce que la preuve contraire soit apportée. Nombreuses seront les familles qui feront régulariser leur situation, soit par la chambre elle-même, soit par l’intendance. A défaut, tous les moyens furent utilisés pour laver cette humiliation : achat de charges anoblissantes et de lettres de noblesse.

Cette liste a enfin et surtout le mérite de nous donner un »instantané » de la « Gentry » bretonne sous Louis XIV. La plupart de ces familles étaient en voie d’acquisition de la noblesse par prescription, vivant et partageant noblement, bien alliées, tacitement reconnues par leur groupe social, mais ne possédant aucun titres valables. Cette réformation va freiner dangereusement le passage de la bourgeoisie à la noblesse, rigidifiant ainsi les structures sociales, excitant les rancœurs et préparant ainsi le terreau des sociétés de pensées (chambres de littérature, de politique, chambres d’agriculture…) qui auront un rôle non négligeable à la veille de la révolution.
Ces listes, recopiées en plusieurs exemplaires, poursuivaient probablement néanmoins un même but, moins avouable : circuler sous cape dans les salons bretons, pour le plus grand plaisir de ceux qui avaient pu obtenir ces fameuses maintenues.

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LA NOBLESSE DES COËTANLEM

CES MESSIEURS DE MORLAIX : LES COÊTANLEM

Dès le XVIe siècle, à tort ou à raison car ils ne semblent pas s’être présentés aux réformations ducales de 1427 qui furent jugées comme très sûres par la chambre de réformation de 1668, la noblesse des Coëtanlem passait pour ancienne ; cependant, il n’a pas été pas possible, aujourd’hui comme au XVIe, XVIIe et XVIIIe, de remonter leur généalogie au-delà de Yvon Coëtanlem et Catherine Calloët son épouse. Notre opinion est que nous sommes en présence d’hommes nouveaux qui vont bientôt éclipser les quelques familles s’enorgueillissant de racines plus anciennes. Une partie de ces « nouveaux riches » de la Renaissance va bientôt s’agréger à la noblesse, s’y allier, la patine des temps faisant le reste.

Les quelques rares et incertaines citations à leur sujet ne permettent pas d’en tirer de conclusions :

– Faut-il voir un Coetanlem sous le nom improbable de « Eon de Quoetchailleen » lors de la montre de Geoffroi de Kerimel, le 29 avril 1378 à Avranches? (Dom Morice)

– En 1407, un Coatanlem fait une donation à la chapelle Notre-Dame de la Fontaine.

– du 8 février 1408 à la même période de 1409 Henry de Quoitanlem est fermier de la coutume de la toile à Morlaix .

Mis à part les corsaires et armateurs Jean, Nicolas et Christien Coëtanlem qui firent fortune dans le commerce maritime et les offices, les membres de cette famille furent de tout temps assez peu argentés. Ce manque de fortune les maintint dans une situation assez modeste, au point qu’il se virent même plusieurs fois contester leur qualité de nobles.

L’appartenance au second ordre conférait non seulement des avantages honorifiques et des facilités d’accès aux charges les plus honorables de l’état, mais encore elle procurait des avantages pécuniaires tels que l’exemption du fouage, du droit de franc-fief, de la plupart des péages et coutumes, du logement des gens de guerre et des corvées. Tout passage du tiers à la noblesse portait préjudice aux finances royales ou lésait les coparoissiens du privilégié. C’est pourquoi l’un des objectifs des réformations ducales, conduite sous forme d’enquêtes dans chaque paroisse, fut de recenser, et par là limiter, la population noble et exempte de certains impôts.

Leurs services militaires

Si les nobles avaient le privilège d’être exempts de certains impôts, il existait néanmoins une contrepartie, parfois lourde à supporter. Seuls les possesseurs de fiefs, les nobles à l’origine, devaient à leur seigneur suzerain, à cause de leur fief, le concours de leur personne en armes. L’importance de l’armement était réglé par mandement des Ducs en fonction du revenu. Quand les bourgeois acquéraient des terres nobles, ils devenaient par là même sujets aux armes à la place de leurs devanciers. Les terres roturières payaient l’impôt de remplacement : le fouage.

A la montre de l’évêché de Tréguier à Guingamp en janvier 1479, on trouve pour la ville de Morlaix, paroisse Saint-Mahé (Mathieu) : Nicolas Coetanlem, archer en brigandine et Michel Coetanlem.

Les 4 et 5 septembre 1481, tous « les nobles, ennobliz et autres subjects aux armes de l’Evesché de Tréguier » firent montre à Lannion. A cette montre comparurent les nobles de la ville close de Morlaix et de la paroisse Saint-Mahé (Mathieu). C’est au quatrième rang en terme de revenus qu’apparaît Nicolas Coëtanlem avec 120 livres de rentes déclarées (ville close). Il se fait remplacer par un modeste archer en brigandine, Marc Le Lagadec.

C’est ce que confirma le 4 décembre 1483, une enquête faite par Jehan de Lesmaes, seigneur de Lesmaes, sénéchal de la cour de …., Jehan et Guyon de Kersulguen étant officiers royaux, rappelant que le sr Coetanlem de Keraudy était noble « subject aux armes et montres et aux armes lors qu’il estoit mandé comme les autres nobles dud. pays et que mesmes il estoit proche parant du seigneur de Bourouguell pour lors de par son père… »

A la fin du XVe siècle, le 14 juillet 1488, le duc François II, pour remercier Nicolas Coëtanlem, lui accorda « franchise exempcion et liberté de fouaige … pour ses héritaiges et les y demourantz en la paroesse de Ploezoc’h, en considération et contemplation des bons, gros et agréables services que led. Coetanlem et les syens avoient faict au duc; et démonstrant le duc avoir désir de son continuel service, apposa la clausule en son mandement, pourveu que led. Coetanlem eust servy led. seigneur en armes… ainsi que les autres nobles de son pays et duché… »

En 1487, avec Olivier de la Bouexière, Christien Coëtanlem reçut 800 livres pour avoir avitaillé un navire du Duc; il était capitaine du navire « le Grozet » en 1487 (le maître étant Daniel Symon) et à ce titre exempt de fouage avec l’équipage pour s’être distingué contre les français. Le capitaine commandait aux troupes embarquées alors que le maître s’occupait de la marche du navire.

Christien Coëtanlem, seigneur de Keravel, fut représenté par Jean Le Feuvre « en brigandine, salade, espée et javeline » à la montre générale des nobles de l’évêché de Léon au Minihy le 25 septembre 1503. Son petit fils, Christien Coëtanlem, écuyer, seigneur de Keravel, figure en tant qu’archer aux montres de Léon tenues au Minihy le 15 mai 1534 et à Saint-Renan le 24 août 1557.

Les Réformations

Les Réformations avaient pour but de préciser la qualité des personnes au regard de l’impôt. Si les Coëtanlem ne parurent pas à celle de 1427, ils figurèrent aux Réformations suivantes.

Lors de l’enquête faite en 1448 sur commission du Duc pour connaître le nombre des « nobles, métayers et autres exempts et supportez ès paroisses de l’évesché de Léon » : à Plougoulm, on trouve :

– nobles : Jehan Coëtanlem,

– métayers exempts : celui de la terre de Bourret, appartenant à Jehan Coëtanlem et « est son principal lieu et son père y demeura et décéda ». En effet, tout seigneur qui n’exploitait pas lui-même sa terre avait droit à l’exemption du métayer exploitant « son principal lieu ». François Coëtanlem, écuyer, seigneur de Coëtleau, passa à la réformation de 1535 à Plusquellec où est mentionné « le manoir de Coëtleu appartenant à François Coëtanlem, noble homme ».

En 1538, Jean Coëtanlem « confesse que les Coëtanlem ont de tout temps anciens et immémorial partagé leurs biens noblement, deux parts et tiers, ainsi que les autres gentilshommes du païs et Duché, … que de plus ancienz tempz il avait partagé dans la famille des Coëtanlem leurs biens comme d’entienne chevalerie, a viage, selon l’assise du comte Geffroy, et soutenu que jamais ils n’avoient faict de traffic ny commersse de bourse commune »

La réformation de 1543 qui fut la dernière avant celle de 1668, fait mémoire en la paroisse de Saint-Melaine de Nicolas Coëtanlem « noble » et déclare qu’il « a acquis la pièce de Penanrue en la par. de Ploëjehan, de même que le manoir de Keraudy, celui de Trieffvin et celui de Kerivalen en la paroisse de Ploëzoc’h »

Les modes de preuve

La Coutume de Bretagne distinguait les biens nobles des biens roturiers, et donnait à l’aîné un certain nombre de droits lors des partages successoraux :

« ART.541. Les maisons, fiefs, rentes de convenans & domaines congéables nobles, & autres terres nobles, soient d’ancien patrimoine ou d’acquêt, et les meubles, seront partagés noblement, entre les nobles qui ont, eux et leurs prédécesseurs, dès & paravant les cent ans derniers, vêcu & se sont comportés noblement. Et aura l’aîné par préciput, en succession de pere & de mere & en chacune d’icelles, le Château ou principal Manoir, avec le pourpris qui sera le jardin, colombier, & bois de décoration & outre les deux tiers. Et l’autre tiers sera baillé aux puînés, par héritage, tant fils que filles, pour être partagé par l’aîné, entr’eux par égales portions; & le tenir chacun desd. puînés, comme juveigneur d’aîné en parage & ramage dudit aîné. »

« ART.548. Et quant aux terres roturières qui se trouveront aux successions tant directes que collatérales, seront partagés également entre l’aîné & puinés, le choix et élection réservé à l’aîné, après que les lots auront été faits & reçus entr’eux. »

C’est à dire que les cadets avaient intérêt à ce qu’il y ait une grande proportion de biens roturiers dans les successions, et les aînés à ce que la proportion soit inverse. C’est ce que fit Louis Coëtanlem en 1567, disant et supposant que l’origine des biens résidait dans le commerce. Pour éviter une brouille, et surtout une procédure à l’issue peut-être incertaine, un accord intervint et il reçut 750 livres de Jacques Coëtanlem.

Le partage noble avait une grande importance, non seulement pour la conservation du patrimoine, mais encore parce que ce sont les actes dressés à l’occasion de ces partages qui servaient à prouver la noblesse. L’article précité ouvrait même la porte à la prescription acquisitive de la noblesse en réclamant comme preuve la possession centenaire.

Pour qu’il y ait partage, il fallait encore qu’il y eut un minimum de biens à partager. A défaut, le port d’une qualification nobiliaire, telle que « noble homme » ou « écuyer » lorsqu’il n’était pas contesté par le groupe social ou l’autorité publique consacrait aussi l’appartenance à la noblesse.

UNE NOBLESSE CONTESTEE

Lors d’une enquête faite en 1539 par la commission de réformation du domaine royal, le fisc avait tenté de soumettre au fouage la postérité de Nicolas Coëtanlem, sous prétexte qu’il s’était occupé de marchandises. Impôt foncier par excellence, le fouage se prélevait uniquement dans les paroisses rurales et s’adressait exclusivement aux roturiers.

Ses descendants, parmi lesquels figurait François de Goëzbriand, fils de Marguerite Coëtanlem de Keraudy, protestèrent. Il y eut en 1539 une enquête où furent entendus 17 témoins. Tous s’accordèrent à déclarer que les Coëtanlem étaient déjà à cette époque une famille de vieille noblesse, et que, pour ce qui concernait Nicolas Coëtanlem, il ne s’était occupé de marchandises que pour la construction et l’avitaillement de la Cordelière.

Sur ce dernier point, les différents témoignages de cette enquête furent trop complaisamment inexactes. Jehan Boesel « dict n’avoir veu ledit (Nicolas) Coatanlem faire aucun train ne trafficque de marchandise » ; Richart Henry « l’a veu se gouverner, régir et tenir noblement et comme homme de condition noble, et a veu ledict Yvon Coatanlem, Nicolas et Jehan, fils dudict Nicolas, servir aux Ducs, princes et roys… » ; ces dépositions étaient même mensongères car il était de notoriété publique que la grande fortune de Nicolas Coëtanlem avait été faite dans la guerre de course et surtout dans le grand commerce maritime. Un registre de ses trafics et opérations commerciales conservé aux archives du Finistère, ne permet aucun doute à cet égard. Cela, du reste, ne rend aucunement suspecte la réalité de la noblesse des Coëtanlem.

A la même époque, une enquête de 1539 faite par Pierre Torel, lieutenant de la cour de Lesneven, à l’instance de Jehan Le Borgne pour prouver leur noblesse nous renseigne sur les critères qui étaient alors retenus; certains sont inattendus. Françoise de Goezbriand, demoiselle âgée de 60 ans :

« … recorde avoir … veu led sieur de Kerguidou, ses frères, père et ayeul respectivement et successivement vivre et se gouverner noblement et parler estat de noblesse comme les aultres nobles du pays, tant par vivre de leurs revenus et avoir de quoy le faire, et aussi par tenir bonne et honneste maison en laquelle elle a veu les nobles du quartier estre bien et honorablement recueillis, que en accoustrement qu’ilz portent distinctz et séparés des non nobles aud; quartier et comme nobles gentz les a veus par led. temps nommé et appelé gentilz hommes de noms et d’armes… »

Ce sont là des preuves testimoniales où les méandres de la mémoire et la pression sociale n’apportent pas la rigueur des preuves écrites qui seront réclamées lors des réformations de la noblesse initiées par Colbert.

LE COMMERCE MARITIME NE DEROGE POINT

En Bretagne, le commerce de gros ne faisait pas perdre la noblesse et bon nombre de gentilshommes y cherchaient avec plus ou moins de profit de quoi suppléer à l’insuffisance ou à l’absence totale de revenus. Les ducs Jean V et Pierre II (ordonnance du 19 décembre 1456) avaient garanti le maintien de la noblesse à ceux qui marchanderaient en gros sans les détailler ni vendre à la main. Des titres d’époque signalent comme « notable marchand de Saint-Pol » les membres de familles les plus qualifiées du pays : les Forget, Hamon, La Boëxière, Le Gluydic… En revanche, en Bretagne le commerce de détail faisait « dormir » la noblesse. C’était une des particularités fondée sur l’article 561 de la Coutume de Bretagne :

« les nobles qui font trafic de marchandises et usent de bourse commune contribueront pendant le tems du trafic et usage de bourse commune aux tailles, aides et subventions roturières. Et seront les acquêts faits pendant le tems, ou qui proviendront dudit trafic ou bourse commune partagés également pour la première fois : encore que soient d’héritages et fiefs nobles. Et leur sera libre de reprendre leur dite qualité de noblesse et privilège d’icelle, toutefois et quantes que bon leur semblera, laissant lesdits trafics et usage de bourse commune et faisant de ce déclaration devant le prochain juge royal de leur domicile. Laquelle déclaration ils seront tenus de faire insinuer au registre du grefe et intimer aux marguilliers de la paroisse du domicile, pourvu qu’après ladite déclaration ils se gouvernent et vivent comme appartient à gens nobles. Et en ce cas les acquêts nobles depuis par eux faits, seront partagez noblement »

C’est à dire que tant que l’on exerçait une activité incompatible avec la qualité de noble, soit un art mécanique (travail manuel comme l’orfèvrerie, ce qui sera le cas de certains Coëtanlem), le commerce de détail ou une charge inférieure comme procureur, on perdait cette qualité, ou plutôt elle était en sommeil. Pour récupérer sa qualité d’origine il suffisait de cesser l’activité qui était cause de dérogeance et de faire une déposition au tribunal, déclarant se gouverner noblement (principalement se partager noblement), vivre de ses rentes et servir aux bans et arrière-bans; la lecture de cette déclaration était faite au prône de la grande messe. Le 12 avril 1499 à Plouezoch, lecture fut faite au prône de la grande messe d’un acte où les paroissiens reconnaissaient les prééminences et intersignes de noblesse que Nicolas Coëtanlem, sgr de Keraudy, possédait en cette paroisse.

Le commerce constituait une étape pour s’enrichir et, aussitôt le patrimoine constitué ou reconstitué, les ex-commerçants s’empressaient de vivre noblement ou d’occuper des fonctions, comme celles de notaire ou avocat « de grande maison parfois, qui ne manquent point dans la ville à cause que le mestier d’advocat, pareillement au commerce de mer, ne desroge pas ». L’exercice, et souvent le cumul, de ces charges judiciaires lucratives permettait de consolider la fortune ainsi acquise. Les profits qu’ils avaient tirés du commerce étaient employés en acquisition de ferme des impôts, rentes et terres nobles qui donnaient une assise rurale. Aucune des grandes familles commerçantes de Morlaix et Saint-Pol n’avaient constitué de dynasties de nobles commerçants sur plus de deux ou trois générations parce que la pratique demeurait occasionnelle.

La grande aventure commerciale étant interdite et souffrant d’une réputation moyenne, on comprend que ceux qui s’y soient livrés aient eu des techniques commerciales rudimentaires et une optique d’enrichissement à court terme.

A SAINT-POL, REPRESENTANT DE LA NOBLESSE, PUIS DU TIERS AUX ETATS

Le 15 janvier 1617, les gentilshommes, bourgeois et habitants du Minihy de Saint-Pol tinrent une assemblée et choisirent un procureur de chaque ordre pour veiller à la conservation des droits, privilèges et prérogatives des ordres respectifs. Au nombres des gentilshommes étaient : Hamon de Kersauson, sr de Guenha, sénéchal des regaires, Hamon Le Jacobin, sr de Keramprat, substitut du procureur du Roi, écuyer François Parcevaulx, sr du Prathir, Jean du Dresnay, sr de Kervarch… Hamon Coëtanlem, sr de Chef du Bois, Christien Coëtanlem, sr du Goazillou, Jean Kerscau etc… représentant le corps de la noblesse du Minihy, ils désignèrent Hamon Coëtanlem, sr de Chef du Bois, comme procureur des nobles en remplacement de Jean du Dresnay, sr de Kervarch, dont le temps était expiré.

Le 3 février 1631, se tint une assemblée générale des habitants de Saint-Pol présidée par écuyer Hamon Coëtanlem, sieur de Chef du Bois, lieutenant de la cour de Saint-Pol;

Etaient présents : écuyer Hamon Le Jacobin, sr de Keramprat, procureur fiscal de cette cour, Guillaume L’Abbé, sr du Parc, syndic, assistaient aussi de la noblesse : Jean du Dresnay, sr de Kervarch, Hamon Coëtanlem, sr de Launay, Nicolas Kerozven, sr de Penvern, Jean Kermellec, sr de Keroulaouen, Christien Coëtanlem, sr de Goazillou, Yves Le Grand, sr de Kerantraon, Hamon Kerret, sr de Keravel. Assistaient du tiers : Prigent Le Hir, sr de Kermarquer, etc… Lesquels nommèrent son frère, écuyer Christien Coëtanlem, sr de Goazillou en tant que procureur des nobles (c’est à dire représentant des nobles aux assemblées de la communauté) du Minihy à la place du sieur de Kerret Keravel.

Le 19 février 1632 se tint une assemblée générale des habitants de Saint-Pol auxquels fut exposé par écuyer Hamon Coëtanlem, sieur de Chef du Bois, lieutenant de la juridiction de Saint-Pol, écuyer Christien Coëtanlem, sr de Goazillou son frère, et Hamon Coëtanlem, sr de Launay, son fils, faisant tant pour eux que pour Hervé Coëtanlem, écuyer, sr du Plessix :

« qu’il est notoire qu’ils ont toujours été employés par la communauté en leurs affaires les plus urgentes, et de plus grande conséquence, comme leur députés, tant pour la défense des procès que pour assister aux assemblées des états de la province et qu’autres affaires… et ledit sr de Chef du Bois avait été nommé par la noblesse du canton pour leur procureur et ledit sr de Goazillou l’être à présent; ayant été toujours observé que lors de l’institution d’un procureur syndic, les nobles du Minihy nomment l’un d’entre eux pour leur procureur pour représenter et conserver leurs droits aux occasions requérant la présente assemblée de leur donner pour connu ce que dessus et comme ils ont vu lesdit Coëtanlem vivre noblement et comme tels tenus et réputés au quartier.

 » Christien Coëtanlem, sieur de Goazillou avait été député par la communauté de Saint-Pol aux États de Bretagne ; il y figura comme député du Tiers, et n’y pouvait figurer autrement, attendu qu’il était pourvu d’office de judicature qui privait les nobles du droit de siéger et de voter dans l’ordre de la noblesse pendant le temps qu’ils exerçaient des fonctions de juge.

Son fils, Hervé de Coëtanlem de Rostiviec, y assistera par contre avec la noblesse.

LA REFORMATION DE 1668

Lors de la grande réformation de la noblesse menée par Colbert de 1668 à 1671, pour des raisons principalement fiscales, l’attitude adoptée fut différente selon les branches. La Bretagne n’avait pas connu de réformations depuis celle de 1543 et les familles avaient perdu l’habitude du contrôle des titres servant à prouver leurs privilèges.

Hervé de Coëtanlem, sr de Goazillou, demeurant à Saint-Pol, fut débouté le 8 juillet 1670 au rapport de M. de Lopriac et condamné à 400 Livres.

Hamon Coëtanlem, sr de Launay, demeurant à Saint-Pol s’était aussi vu débouter le 23 juillet 1670 au rapport de La Bourdonnaye et condamné à 400 livres d’amende.

Hamon Coëtanlem, sieur de Pratmeur, aîné de la famille, « chef de nom et armes » comme l’on disait alors, essaya en vain de faire reconnaître leur noblesse et se vit débouter le 27 janvier 1671, sur le rapport de M. de Bréhant ; il dut payer 400 livres d’amende comme usurpateur de noblesse, faute d’avoir pu apporter des preuves suffisantes. Cet arrêt peut s’expliquer par la situation économique très modeste où se trouvait à l’époque cette branche; il est possible qu’elle ait renoncé au partage noble, condition impérative pour la maintenue. D’autre part, les titres et papiers de leur famille étaient passés par alliance dans les maisons de La Roche et de Kersaintgilly avec lesquelles les Coëtanlem de Rostiviec étaient brouillés. Lors de la naissance de son fils Claude en 1667, Hamon Coëtanlem est qualifié de « noble personne », mots sur lesquels a été fait un pâté d’encre pour les masquer, et réécrit au-dessus « escuier »…

Par contre, chez certains cadets qui avaient délaissé la noblesse, et devant les échecs répétés de leurs cousins, l’attitude fut sans ambiguïté : Jacques de Coëtanlem, sieur du Plessis, avocat en la cour de Saint-Pol, se désista de ses prétentions nobiliaires le 17 octobre 1668, bénéficiant de la réduction d’amende promise aux désistants, soit 100 livres.

Le patrimoine purement mobilier ou formé d’immeubles urbains ou roturiers entraîna une difficulté à produire des partages nobles, témoignage du gouvernement noble de la famille. Les désistement étaient souvent formulés « quant à présent », c’est à dire avec la réserve qu’ils seraient annulés si les déclarants réussissaient à découvrir des titres probants.

LE POINT D’HONNEUR

Les Coëtanlem de Rostiviec, alors cadets, étaient d’ailleurs particulièrement chatouilleux au sujet de leur noblesse : en 1688, Hervé de Coëtanlem se trouvant à Paris, eut un litige avec le sieur Bude de Blanchelande qui lui avait dit qu’il n’était pas gentilhomme. Ce différend fut porté devant le tribunal du « point d’honneur ». Les lieutenants des maréchaux de France, juges du point d’honneur, avait été créés par édit du roi Louis XIV, de mars 1693 ; cet édit créait et érigeait en titre d’office, formé dans chaque bailliage et sénéchaussée, un lieutenant des maréchaux de France « pour connaître et juger des différends qui surviendront entre les gentilshommes, ou autres faisant profession des armes, soit à cause des choses, droits honorifiques des églises, prééminences des fiefs et seigneuries, ou autres querelles mêlées avec le point d’honneur… ». Leur rôle était essentiellement de conciliation.

Par jugement rendu par les maréchaux de France le 29 mai 1688, le sieur Bude de Blanchelande fut condamné sur la vue des titres du suppliant à le reconnaître pour tel. La sentence obligea le sieur de Blanchelande à faire des excuses à Hervé de Coëtanlem et à se rendre pour cela chez celui-ci, conduit par un de leurs prévôts et en présence de ses amis.

LA VIE NOBLE

Mais jouissant d’une situation plus en vue puisque Hervé de Coëtanlem, sieur de Rostiviec, commandait pour le roi la ville et château de Morlaix, ils jugèrent superflu d’entamer des négociations à ce sujet et de défendre leur cause . Peut-être aussi leur situation à Morlaix et leur réputation de noblesse alors bien établie leur paraissaient tenir lieu de preuves suffisantes. Hervé de Coëtanlem de Rostiviec n’avait-il pas eu séance et voix délibérative dans l’ordre de la noblesse aux assemblées des Etats tenus en 1665, 1669, 1675, 1677, 1679, 1681, 1683, 1687, 1689, 1693 (En cette dernière tenue, il fit partie des députés nommés le 6 octobre pour examiner les comptes de René Leprestre de Lezonnet, trésorier des Etats, qui se livrait à de nombreux abus), 1695 et 1699 ?

LA PREMIERE MAINTENUE

Tel n’était pas l’avis des agents du fisc. Vers 1698, Bernard de Coëtanlem de Rostiviec se vit inquiéter par le sieur François Ferrand, préposé au recouvrement des amendes dues par les usurpateurs de noblesse, qui avait fait figurer dans un rôle arrêté au conseil le 13 mars 1698, Hervé de Coëtanlem, son père, pour une somme de 2.200 livres, pour avoir pris la qualité de noble, au préjudice d’une prétendue renonciation faite par Christien de Coëtanlem le 17 octobre 1668 (date à laquelle le dit Christien était déjà mort ; En réalité, la renonciation avait été faite par Jacques de Coëtanlem, sieur du Plessis). Il est vrai qu’ils avaient été déboutés faute de produire les preuves requises. A cette époque on traquait les faux nobles et on déboutait les vrais au moindre défaut de preuve, afin d’accroître les recettes des impôts et de faire rentrer un peu plus d’argent dans les caisses du trésor royal. Bernard de Coëtanlem se mit alors au travail pour prouver leur noblesse ; en juillet 1698, il se fait délivrer par la chambre des comptes de Nantes des extraits des réformations de 1443 et 1535, ainsi qu’un rôle de montre de 1536.

Bernard de Coëtanlem reçut l’injonction de payer en mars 1705 et vit même tout ses biens mis sous saisie par ordonnance de l’intendant Louis Bechameil de Nointel. L’intendance lui avançait que Hervé de Coëtanlem, son père, avait été condamné sur défaut de preuve comme usurpateur de noblesse par arrêt de la chambre de réformation du 8 juillet 1670. Il interjeta appel au roi et aux commissaires pour la vérification des titres de noblesse qui lui firent droit sur son opposition au rôle de 1698. Sur sa noblesse, ils le renvoyèrent devant l’intendant Ferrand. En octobre 1708, il avait obtenu mainlevée des saisies par arrêt du Parlement de Bretagne.

De 1710 à 1742, Les Coëtanlem de Rostiviec paient pourtant la capitation noble à Morlaix Saint-Martin.

Nonobstant cela, il fut poursuivi avec acharnement jusqu’au 18 février 1715, date à laquelle il obtint un jugement par l’intendant de Bretagne qui le déchargea du paiement de la somme de 2.200 livres et le maintint en la qualité de noble et d’écuyer, lui et ses enfants nés et à naître en légitime mariage. Il est cependant utile d’observer que ce jugement fut rendu par l’intendance, à une époque où il était défendu au Parlement de connaître des affaires de noblesse. Le Parlement, comme nous allons le voir, attendra d’avoir récupéré cette prérogative pour les obliger à refaire leurs preuves en 1772.

INQUIETES A NOUVEAU

En Bretagne, pays d’Etat et de Parlement, cette mesure ne suffisait pas à réhabiliter complètement la noblesse des Coëtanlem. Aussi ces derniers furent-ils de nouveau et plusieurs fois inquiétés au cours du XVIIIe et accusés d’être de faux nobles. Louis Le Guennec en furetant dans le grenier de Trogriffon y avait retrouvé un acte du XVIIIe relatant l’échec subi par Monsieur de Coëtanlem devant l’intendant de Bretagne au sujet de ses prétentions nobiliaires et d’un bien roturier qu’il s’était vainement efforcé de faire exempter comme bien noble.

Les 12 juillet et 12 août 1758, Hervé de Coëtanlem, sieur de Rostiviec, fit dresser procès-verbal par les juges royaux de ses prééminences en l’église Saint-Melaine de Morlaix. Il réclamait l’enfeu de la chapelle dite de Jésus (Au XVIe siècle, cette chapelle avait porté le nom de saint Jacques), la deuxième à droite du côté de l’épître en entrant et joignant les prééminences des seigneurs de Lesquiffiou, et déclarait n’avoir nul titre que ses armes de supériorité « d’argent à la fleur de lys de sable, surmontée d’une chouette de même becquée et membrée de gueule ». A cette époque on voyait encore dans le vitrail les armes des Coëtanlem avec celles de familles alliées : Calloët de Lanidy, Le Borgne de Lesquiffiou, de L’Isle.

En 1759, écuyer Hervé de Coëtanlem, sieur de Rostiviec, revendiquait encore comme lui appartenant dans la chapelle Saint-Nicolas à Morlaix, un banc clos avec accoudoirs, plus une tombe et quatre pierres tombales plates, lesquels bancs et tombes lui provenaient de la succession d’Hervé de Coëtanlem et Perrine Le Gouverneur, ses grands-parents.

Malgré toutes ses démarches, Hervé de Coëtanlem s’étant inscrit sur la liste des nobles de l’évêché de Léon, se vit refuser l’entrée aux Etats de Bretagne « rayé et renvoyé se pourvoir au parlement »…, lorsque ceux-ci tinrent leur session à Morlaix en 1772. Les commissaires des Etats se montrèrent intransigeants parce qu’une ordonnance royale du 10 février 1770 avait prescrit aux nobles qui n’avaient pas produit, ou qui ayant été déboutés lors des réformations de 1668, n’avaient obtenu des jugements confirmatifs qu’entre 1696 et 1729 (ce qui était leur cas, ayant été maintenus à l’intendance en 1715), de faire les démarches nécessaires pour en obtenir en bonne et due forme auprès du Parlement sous peine de se voir exclus des rangs de la noblesse aux Etats de Bretagne. Cette exclusion, dans la ville même où ils habitaient, était très humiliante pour les Coëtanlem et mettait en suspicion l’authenticité de leur noblesse. D’autant plus qu’ils n’avaient été que quatre à être rayés pour l’évêché de Léon : Olivier Claude de May, pour n’avoir point produit ses preuves, Claude de Kerimel de Kerveno, pour dérogeance temporaire, et M. de Chateaufur de Kervolan et lui « renvoyés se pourvoir ».

UNE LETTRE ANONYME

Un long mémoire rédigé par Pierre Joseph Jean de Coëtanlem et adressé à un religieux (sans doute le directeur de conscience de Madame Gaudin du Coudray, sa future belle-mère) nous fait connaître que ces démarches en vue de la confirmation de noblesse n’avaient pas que l’honneur pour seul motif : Au moment où Pierre Joseph Jean de Coëtanlem allait contracter mariage, la mère de sa fiancée avait reçu une lettre anonyme, dont elle lui communiqua la copie suivante, probablement expurgée.

Une à une, avec beaucoup d’esprit, il réfute toutes ces calomnies, prenant la peine de bien détailler la part des faits du mensonge et d’étayer ses réponses. Il confesse avoir naguère fréquenté des jeunes qui jouaient au billard ; il reconnaît le penchant de son père pour la boisson :

« il est d’autant plus louable de s’en être corrigé que la chose est difficile à tout âge … il y a au moins deux ans qu’il n’a pas mis les pieds à l’auberge ».

En ce qui concerne leur noblesse, il reconnaît que son père :

« fut renvoyé se pourvoir au parlement au désir de l’édit du Roi de 1768 comme il n’avoit pas eu connaissance de cet édit, il ne s’y étoit pas conformé. Car jusqu’à cette époque on n’étoit pas tenu à cela et pour preuve c’est que mon bisayeul qui n’était pas muni d’un tel arrêt étoit pensionnaire des états et avoit été honoré des commissions les plus délicates … l’arrêt qu’il a n’est pas par l’intendance, il est contradictoire avec les traitants et commissaires départis en Bretagne pour la poursuite des faux nobles… »

« M. de Perier…étant en Bretagne…avoit promis de demander un brevet de garde-marine pour moi .. mais rendu à Paris il oublia … il y avait un si grand nombre de jeunes gens qui briguaient ces places-là qu’on ne pouvoit pas les admettre tous. En effet ce n’étoit pas faute de noblesse puisqu’on avoit envoyé en cour une copie collationnée de mon arrêt, certifiée par quatre gentilshommes du pays qui étoient Messieurs de Kerret Keravel, Guichen, Pennélé et Kerscau et que j’obtins la dessus une commission de volontaire, commission dont les princes du sang et les plus grands seigneurs se tiennent fort honorés… »

LA SECONDE MAINTENUE

Pour mettre fin à toutes ces tracasseries fiscales et à toutes ces contestations et calomnies, Hervé de Coëtanlem de Rostiviec chargea son fils Pierre de recueillir les preuves authentiques de leur noblesse et de faire valoir leurs droits devant le Parlement de Bretagne à Rennes. Le 30 avril 1776, il fit dresser procès-verbal des armoiries, enfeux et prééminences appartenant aux Coëtanlem, dans la chapelle de Jésus à Saint-Melaine, dans l’église des Carmes et dans la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon, puis il partit pour Rennes avec tout le dossier et au mois de mai il présenta sa requête au Parlement. Cette procédure fut couronnée de succès par un arrêt du parlement de Bretagne daté du 23 août 1776 et signé L. C. Picquet, qui maintenait la famille Coëtanlem dans la jouissance de ses prérogatives nobiliaires, la déclarait noble d’ancienne extraction et l’inscrivait officiellement sur le catalogue des gentilshommes de la province avec le titre d’écuyer. Cet arrêt précisait leurs armes qu’avait déjà données Guy Le Borgne dans son armorial en 1667 : d’argent à la fleur de lys de sable, surmontée d’une chouette de même, membrée et becquée de gueule, et leurs devises : Germinavit sicut lilium et Florebit in aeternam ante Dominum . Madame Gaudin du Coudray pouvait enfin marier sa fille à un gentilhomme.

Dès l’accord des Etats du 8 octobre 1776, Pierre Joseph Jean de Coëtanlem, profitant des droits que lui restituait l’arrêt du 23 août, assista aux Etats de Bretagne qui eurent lieu à Rennes et y eut voix délibérative dans l’ordre de la noblesse. C’est dans cet ordre qu’il y assistera jusqu’aux derniers Etats de 1789.

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RESSOURCES GÉNÉALOGIQUES & HÉRALDIQUES DE LA BNF

REPERTOIRE DES RESSOURCES GENEALOGIQUES ET HERALDIQUE DU DÉPARTEMENT DES MANUSCRITS DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE FRANCE

Extrait de l’avant-propos

Beauvais et le Beauvaisis de 1600 à 1730, de Pierre Goubert (Paris, 1960) ; Les derniers maîtres des requêtes de l’Ancien Régime (1771-1789), de Sylvie Nicolas (Paris, 1998). Deux thèses parmi d’autres dont les qualités ont été soulignées par une publication. Deux ouvrages au dénominateur commun : une importante documentation généalogique. Ils illustrent chacun à leur manière l’apport de cette discipline annexe de l’Histoire. Force est de constater aujourd’hui une attitude paradoxale face à la généalogie : activité de loisir très répandue dans le grand public, elle est le plus souvent délaissée par les professionnels de l’Histoire, à l’exception des chercheurs abordant des études prosopographiques.
Le présent livre n’est pas un guide de généalogie, vers lequel devra se diriger le chercheur débutant. Ce répertoire ambitionne de présenter au lecteur averti le fonctionnement de la division occidentale du Département des manuscrits de la Bibliothèque nationale de France et ses ressources généalogiques et héraldiques, en en détaillant les richesses et les limites. Sinon infinies, les richesses sont à tout le moins immenses, et la vie entière d’un chercheur ne suffirait pas à en faire le tour. Les limites en sont mieux connues. Les fonds  » généalogiques  » du département se rapportent presque exclusivement à la noblesse ou à la très haute bourgeoisie, de toutes époques. Cela explique l’absence quasi-générale de présentation du Département des manuscrits dans les guides de généalogie, lesquels s’attachent à accompagner le lecteur dans ses propres recherches, qui le mènent le plus souvent vers le monde des paysans ou des artisans. Alors que Sylvie Nicolas cite près de cent trente références extraites du Cabinet des titres, Pierre Goubert souligne dans la présentation de ses sources que  » Le Cabinet des Titres ne m’a donné à peu près rien sur la vingtaine de familles beauvaisiennes que j’ai recherchées dans les six fonds généalogiques : les renseignements locaux sont d’une autre abondance et d’une autre exactitude « . La généalogie, aux XVIIe et XVIIIe siècles, était une activité propre à la noblesse, tant pour marquer son appartenance à un groupe que par nécessité juridique. On y faisait appel dans un dessein précis : prouver son statut ou l’ancienneté de sa noblesse. Dans une société de privilèges qui était celle de l’Ancien Régime, le roturier n’avait rien à prouver, n’ayant accès à rien ou presque. Ce n’était le plus souvent qu’après de longs efforts, menés sur plusieurs générations, qu’une famille accédait enfin au second ordre. Elle n’avait alors de cesse que de faire oublier sa roture passée. Mais, il arrive que partant d’une ascendance roturière, ce qui est le cas de la très grande majorité des généalogistes amateurs d’aujourd’hui, l’on puisse se rattacher à une famille noble. C’est d’ailleurs l’un des charmes de la généalogie que de ne pas savoir ce que réserve chaque nouvelle génération. Aux ressources généalogiques, nous avons cru utile d’ajouter ce qui a trait à l’héraldique, car s’il s’agit de deux disciplines distinctes, elles sont bien souvent associées et complémentaires.
Notre répertoire se limite à la division occidentale du Département des manuscrits. Les anciens Départements des imprimés et des périodiques, désormais réunis sur le site de Tolbiac, ne possèdent pas de fonds généalogiques. Leurs collections visent à l’exhaustivité à travers le dépôt légal. Qui plus est, les répertoires de Gaston et Geneviève Saffroy et du colonel Étienne Arnaud fournissent un premier moyen d’accès on ne peut plus aisé aux livres et articles qui ont pu aborder telle ou telle famille. Le Catalogue de l’Histoire de France et la Bibliographie annuelle de l’histoire de France sont également des outils précieux pour exploiter le fonds des imprimés. Nous ne traiterons donc pas de ces deux Départements. Ceux des Cartes et Plans, des Estampes et de la Photographie, des Médailles, Monnaies et Antiques et celui de la Musique ne pourront apporter aucune aide directe, sauf si les recherches conduisent à s’intéresser à un géographe, un graveur, un marchand d’estampes ou un musicien.
Les manuscrits sont des documents fragiles, le plus souvent uniques, et parfois assez difficiles à lire. Ils ne doivent être consultés qu’en dernier ressort. Le chercheur aura tout intérêt à vérifier qu’il n’existe pas de publications relatives à son projet d’étude ou des documents similaires dans d’autres dépôts. Ceci est particulièrement vrai pour les recherches de noblesse dont de nombreuses copies sont conservées dans les dépôts d’archives départementales (séries F et J), et qui ont fait l’objet de plusieurs publications. Il en est de même pour les armoriaux, certains épitaphiers et bien évidemment pour les monographies familiales.

Historique du Cabinet des titres

La source principale du Département des manuscrits pour l’étude de l’histoire des familles est le Cabinet des titres. Formé des archives des généalogistes du Roi et des épaves de celles des généalogistes des Ordres du Roi, cet ensemble est composé de près de 6 800 volumes, dont près de la moitié a trait à la généalogie et à l’héraldique. Nous lui consacrons donc un chapitre particulier, puis nous présenterons les références des fonds français, latins et autres langues occidentales.

Historique

L’histoire du fonds généalogique du Département des manuscrits, communément appelé Cabinet des titres depuis le XIXe siècle, prend naissance dans la réorganisation des collections de la Bibliothèque royale, entreprise en 1720 par l’abbé Jean Paul Bignon, alors bibliothécaire du Roi. En accord avec le Régent, il réunit en un seul département tout ce qui regardait la généalogie. Aux 2 400 volumes légués en 1711 par François Roger de Gaignières, furent joints ceux du cabinet du juge d’armes Charles d’Hozier, entré en 1717, et qui représentait la somme de plus de soixante ans de recherche. Le neveu de Charles d’Hozier, Louis Pierre d’Hozier, brouillé avec son oncle, se constitua un nouveau cabinet, qui entrera en partie à la Bibliothèque nationale au XIXe siècle. L’abbé Bignon reprenait une idée émise par Jean-Baptiste Colbert. Le ministre de Louis XIV avait voulu créer un vaste dépôt de la noblesse du royaume, où tous les gentilshommes seraient venus déposer leurs titres.
Ce nouveau dépôt fut confié à la garde d’Abraham Charles Guiblet, généalogiste de la maison d’Orléans et des ordres du Mont-Carmel et de Saint-Lazare de Jérusalem. Au XVIIIe siècle, le département des Titres et Généalogies s’enrichit régulièrement, par acquisitions, dons ou saisies. Ainsi, entrèrent les collections formées par Jean Haudiquer de Blancourt, Claude François Blondeau de Charnage, Pierre Simon Jault, Jean de Launay, Valentin Philippe Bertin du Rocheret, Pierre Paul Du Buisson et Jean-Baptiste Guillaume, dit l’abbé de Gevigney. Les gardes responsables du département firent don de leur propre cabinet, tels Guiblet et son successeur, René François Pierres, dit Delacour. Ce dernier fit de grands classements et mit tout en œuvre pour enrichir son dépôt. Il eut toute latitude pour engager des dépenses importantes afin d’acquérir des cabinets de particuliers. à sa mort, il fut remplacé par l’abbé de Gevigney à qui succéda l’abbé Jean Louis Coupé, qui initia le classement de plusieurs centaines de quintaux de parchemins provenant des rebus de la Chambre des comptes, vendus par Pierre Augustin Caron de Beaumarchais, en 1785. à la fin du XVIIIe siècle, le département des Titres et Généalogies était divisé en quatre classes : 2 500 boîtes de titres originaux classés par ordre alphabétique des familles ; 576 boîtes de mémoires et généalogies ; les cabinets de d’Hozier et de Gaignières, qui occupaient 217 boîtes ; 1 400 volumes divers.
La Révolution française n’ignora pas la Bibliothèque du Roi, devenue nationale, mais les pertes furent très limitées. Le département des Titres et Généalogies devint le dépôt des Titres de Propriétés puis fut définitivement réintégré aux Manuscrits, prenant alors le nom de Cabinet des titres. Cherchant à justifier l’utilité de son département et son budget de fonctionnement, l’abbé Coupé indiqua dans un mémoire que son dépôt n’était pas destiné aux seuls généalogistes, mais à tous les citoyens. Pour plus de sûreté, on décida de protéger le Cabinet des titres en en interdisant l’accès. Les différentes pièces qui y menaient furent remplies de cartons et de volumes entassés les uns sur les autres, de façon à former de véritables barricades. Le cabinet put ainsi traverser la Révolution sans dommage. Le cabinet des Ordres du Roi, créé par Pierre Clairambault à la fin du XVIIe siècle, et dont le titulaire était Louis Nicolas Hyacinthe Chérin, fut moins heureux. Placé depuis 1772 au couvent des Grands-Augustins, il fut transféré en 1792 à la Bibliothèque nationale, où il subit un sévère triage qui mena au bûcher de la place Vendôme près de deux mille volumes, parmi lesquels trois cents registres de recherches de noblesse et trois cents de preuves de noblesse. Au total, c’est plus de la moitié du cabinet des Ordres qui fut réduite en cendres.
Le XIXe siècle vit l’entrée de plusieurs fonds importants. En 1811 et 1812, deux anciens bénédictins, dom Joseph Villevieille et dom Joseph Caffiaux, cédèrent leurs recueils généalogiques. Bénigne Chérin légua en 1830 vingt-quatre cartons contenant les travaux de ses oncle et cousin et d’Edme Joseph Berthier au cabinet des Ordres. L’année 1851 s’acheva par l’acquisition du cabinet d’Ambroise Louis Marie d’Hozier, constitué et enrichi sur la base de celui formé au XVIIIe siècle par Louis Pierre d’Hozier, neveu de Charles d’Hozier. Entrée exceptionnelle qui mit la Bibliothèque nationale en possession d’un exemplaire supplémentaire de l’Armorial général de France, de 3 000 brevets de règlements d’armoiries et de plus de 7 000 minutes de preuves de noblesse. Une partie de ce cabinet était entrée en 1841 aux Archives nationales, formant le noyau du titre III de la série M. Un troisième lot de documents provenant de la famille d’Hozier et conservé par Nicolas Viton de Saint-Allais fut acheté en 1955 par les Archives nationales (AB XIX 3261-3294). En 1862, les Archives de l’Empire réclamèrent, en vain, le Cabinet des titres, appuyant leur demande sur le fait que ces documents étaient des pièces d’archives. Un important échange eut lieu entre les deux institutions, mais la Bibliothèque conserva son fonds généalogique. La fin du XIXe siècle fut marquée par le classement de la série des Pièces originales et par la rédaction de l’inventaire des six premières séries du Cabinet des titres.

Les séries généalogiques

Le Cabinet des titres est composé de six séries homogènes (5 292 volumes) et d’une septième plus disparate, riche de 1 488 volumes. Les six premières séries offrent la particularité d’être classées par patronymes. Elles ont pour nom Pièces originales, Dossiers bleus, Carrés de d’Hozier, Cabinet de d’Hozier, Nouveau d’Hozier et Chérin.
La série des Pièces originales, regroupe, comme son nom l’indique, des pièces originales, mais également de nombreuses copies. Ce fonds aété classé de 1876 à 1882 par Ulysse Robert qui s’est appuyé sur les portefeuilles généalogiques constitués par Charles d’Hozier, en les enrichissant d’autres documents. Elles proviennent des anciennes archives de la Chambre des comptes de Paris. On y trouve aussi des actes notariés, des lettres de part, etc. Elles nécessitent de solides notions de paléographie. Cette collection est la plus conséquente avec 3 061 volumes, in-folio.
La série des Dossiers bleus, dont le nom rappelle la couleur des chemises qui les contenaient au XVIIIe siècle, est composée de mémoires, notes et brouillons généalogiques, issus en majeure partie des cabinets de Charles d’Hozier et de François Roger de Gaignières, légués à la Bibliothèque du Roi. On compte 684 volumes, in-folio. Les esquisses de tableaux généalogiques sont assez difficiles à déchiffrer, du fait des ratures et des noms écrits parfois très petits pour tenir dans l’espace restreint d’une feuille. On y trouve fréquemment de très courtes notes prises dans des ouvrages qui ne peuvent pas toujours être identifiés.
Les Carrés de d’Hozier tirent leur nom du format des registres de cette série, constituée des deux cents paquets de preuves acquis en 1851 des héritiers d’Ambroise Louis Marie d’Hozier. Elle est composée de copies ou d’extraits d’actes divers (actes de baptêmes, contrats de mariage, testaments, contrats de ventes …) dressés au XVIIIe siècle, pouvant servir à l’histoire des familles. Afin de justifier de sa noblesse, une famille désireuse d’obtenir une place ou un office privilégié devait fournir trois actes filliatifs par degré d’ascendance qui établissaient son statut de noble. Certaines familles semblent avoir transmis aux généalogistes du Roi l’ensemble de leurs archives, tant le volume de notes est important, et dépasse de loin les trois actes par degré. La série compte 652 volumes, in-quarto. C’est la série la plus accessible du point de vue paléographique.
La série Cabinet de d’Hozier, comme les Dossiers bleus, aété formée des dossiers généalogiques constitués aux XVIIe et XVIIIe siècles par Pierre et Charles d’Hozier, et des mémoires généalogiques de François Roger de Gaignières. Elle compte 344 volumes, in-folio.
La série Nouveau d’Hozier est constituée de documents relatifs aux preuves dressées par les d’Hozier au XVIIIe siècle pour diverses places : Maison du Roi, pages aux Petite et Grande écuries, écoles militaires, maisons de Saint-Louis et de l’Enfant-Jésus, divers collèges et régiments, etc. Elle a été acquise en 1851. Le même dossier peut contenir plusieurs versions d’une même preuve, à des degrés divers d’avancement. Cette série est composée de 337 volumes, in-folio.
La série Chérin est un recueil de généalogies dressées au XVIIIe siècle, par Bernard Chérin et ses successeurs lorsqu’ils vérifiaient les preuves de noblesse présentées pour l’admission aux Honneurs de la Cour, aux Ordres du Roi et à certaines places privilégiées (armée, marine, maisons civiles et religieuses). C’est la plus petite collection, avec 214 volumes in-folio.

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LIVRE DE RAISON DE CASIMIR DE MONTVALON

LIVRE DE RAISON D'UN NOTABLE ET ACADÉMICIEN AIXOIS, CASIMIR DE BARRIGUE, COMTE DE MONTVALON (1774-1845)

PRÉFACE
par Sylvie Mouysset

Lorsque Casimir de Montvalon prend la plume pour rédiger ce qu’il nomme lui-même son  » Livre de Raison « , il commente son geste en ces termes :  » J’ai cru devoir transmettre à mes descendants, si le Ciel m’en destine, les détails qui pourront servir à régler leur conduite… « . Plus loin, il ajoute :  » La loi que je me suis imposée de dire la vérité dans une notice de ma famille qui pourra devenir utile un jour à mes descendants me soumet à une obligation cruelle, celle de chercher les défauts essentiels « . L’objet principal de cet épais manuscrit de près de quatre cents feuillets, élaboré en grande partie à l’heure où il est temps de faire le compte de sa vie, semble être effectivement de léguer une expérience unique et extraordinaire à ses enfants, tel un bien patrimonial transmissible. La mémoire paternelle ainsi délimitée par l’écriture en un parcours personnel entre Ancien Régime et temps nouveaux devra alors guider les descendants de Casimir de Montvalon tout au long de leur existence. C’est ainsi que l’auteur présente son œuvre, sorte de testament philosophique dans lequel il choisit de se dépeindre sans détour ni complaisance, et rappelle de temps à autre l’obligation qu’il s’est fixée de ne  » mêler aucune description à ce simple récit des actions de ma vie « .

Pour la plus grande joie de son lecteur, il arrive cependant très souvent qu’il déroge à sa trop rigoureuse conception de l’autobiographie. Car il s’agit bien l à d’une autobiographie, d’un récit de vie passionnant dont on peut légitimement se demander, comme le fait Claude-Alain Sarre dans sa présentation, si son auteur l’a réellement écrit pour les siens comme il se plaît à le répéter, ou bien plutôt pour lui-même. Il entend, en effet, laisser une trace lisible de son destin hors du commun, mais il souhaite aussi et peut-être avant tout, rassembler une mémoire familiale éparpillée, perdue, détruite : Casimir de Montvalon insiste à plusieurs reprises sur  » les malheurs des temps et la cruelle séparation que nous avons éprouvée nous ayant fait perdre presque tous nos papiers « . La Révolution a non seulement fragilisé les liens du clan, mais elle a aussi fait disparaître la plupart des titres et des papiers domestiques conservés depuis des temps dits immémoriaux.

Le travail de Casimir consiste donc à refaire l’histoire de sa lignée, en sauvant de l’oubli les épaves d’archives qui ont survécu à l’orage révolutionnaire, et dont il copie avec soin le contenu. Le Livre de Raison se fait alors volontiers coffre qui recèle des bribes du trésor familial, dans l’ordre choisi pour le récit : contrats de mariage, lettres de vétérance et autres provisions d’office constituent autant de témoignages, preuves tangibles qui attestent de l’ancienneté du lignage, de sa fortune, de son rang. L’auteur sollicite également sa mémoire, il recompose patiemment la trame d’une saga qu’il fait remonter le plus loin possible, comme il dessinerait les plus hautes branches de son arbre généalogique, et il situe son berceau au royaume de Portugal qui pourrait peut-être un jour devenir un havre accueillant pour ses membres déracinés.

Ce sont précisément les écrits d’un déraciné qui font tout l’intérêt de l’œuvre de Casimir de Montvalon, malmené par une Révolution qui le surprend à l’âge tendre où l’on songe plus à l’amour qu’à la guerre. Dès 1789, l’auteur devient aide de camp du lieutenant général de Provence, le marquis de Miran, resté fidèle au comte d’Artois. Il quitte son cher pays en plein tumulte, en proie à de fortes tensions depuis janvier 1788. La difficile élection des députés aux états-Généraux, puis les troubles de la faim en période de soudure, ont annoncé le climat insurrectionnel du printemps 1790. Aux émeutes frumentaires qui enflamment l’ensemble de la province, s’ajoutent les violences de Marseille, tandis qu’en décembre de la même année, trois hommes sont pendus à Aix – ville de notre héros – soupçonnés de complicité avec les émigrés. Ainsi ne fait-il pas bon vivre pour les Montvalon et leurs amis, dans ce Midi provençal où la Révolution se radicalise très vite, dont le zèle jacobin ne se dément pas durant cette sombre période, de même que s’exaspèrent des conflits de toute nature ; certains ont parfois un passé très lointain et réveillent de profondes querelles religieuses jamais vraiment apaisées.

Du printemps 1790 à l’automne 1803, Casimir de Montvalon connaît les errances de tous les émigrés. De Savoie en Piémont, de Coblence à Sion ou à Venise, il partage les espoirs et les désillusions de ces hommes qui ont tout quitté, autant par crainte de la  » Révolution qui marchait à pas de géant « , que mus par le désir de sauver la monarchie en péril. Dans le sillage du marquis de Miran, on le retrouve à Turin, où le frère du roi s’est déjà réfugié. Le jeune Casimir n’a pas vingt ans, il se sent un peu perdu et désabusé au sein de cette bruyante et dispendieuse noblesse de cour en exil qui pense encore la victoire facile et se presse autour d’un prince caressant déj à le rêve silencieux de monter un jour sur le trône. La constitution du Comité de Turin et ses objectifs de restauration de l’absolutisme sont de nature, en revanche, à satisfaire sa conception de l’honneur mis au service du souverain légitime. Il suit donc le comte d’Artois à Coblence, et il participe, en avril 1792, aux premiers combats des armées de l’Europe coalisée contre la France révolutionnaire. Il assiste, à l’automne, à la bataille de Jemmapes qu’il qualifie de  » première grande boucherie  » et, plus que la gloire, il y rencontre  » la pluie, la boue et les corvées  » .

Défaite de la coalition, divisions et rivalités dans le camp de l’émigration, le déçoivent amèrement : il quitte alors l’armée, et il trouve refuge avec ses parents dans le Valais suisse. Confronté aux difficultés matérielles de nombre d’émigrés, son existence et celle des siens dépendent du bon vouloir ou de la générosité de quelque compréhensif protecteur. Jusqu’à son arrivée dans le Valais, à la fin de 1792, il vit des moments difficiles, à l’instar de René de Chateaubriand, qui avoue s’être parfois recouvert d’une chaise pour dormir afin d’entretenir l’illusion d’une certaine chaleur, ou avoir mangé  » par procuration  » en regardant la vitrine d’un marchand de viandes fumées. Pendant ces années grises, les nouvelles de France et, plus encore de Provence, ne sont guère réjouissantes. Ballotté d’insurrection fédéraliste et royaliste en terrorisme jacobin -épisodes tragiques donnant lieu, de part et d’autre, à de véritables chasses à l’adversaire et accumulant victimes et rancœurs – le Midi provençal n’en finit pas de s’entre-déchirer. Dernier avatar de ces années de plomb, la Terreur blanche se déchaîne au lendemain de Thermidor et elle se prolonge en brigandages criminels tout au long du Directoire.

Chassé en 1797 par l’arrivée des troupes napoléoniennes dans le Valais, Casimir de Montvalon reprend le chemin de l’exil et il se réfugie à nouveau à Turin. L à, il est rattrapé par ces mêmes armées, et il s’enfuit à Venise où il rencontre un émigré célèbre, l’abbé Maury, porte-parole au temps de l’Assemblée Constituante du courant aristocratique le plus dur et le plus hostile à toute réforme. Il en devient le secrétaire, et il participe à l’élection du pape Pie VII, pendant qu’en France le régime directorial se délite au fil des coups d’état. Le triomphe de Bonaparte, sa volonté pacificatrice rejetant avec une égale aversion  » bonnets rouges et talons rouges « , permettent à Casimir de Montvalon de rentrer en Provence et, fort de l’épreuve vécue au fil de ces années, d’y restaurer en partie sa fortune.

Si son témoignage sur les bouleversements de l’Europe à la fin du XVIIIe siècle, et plus particulièrement sur le  » petit monde  » de l’émigration, est déjà fort intéressant et vient conforter les témoignages d’aristocrates plus célèbres, il ne l’est pas moins lorsqu’il dessine, dans la deuxième partie du Livre, un portrait de groupe sans concession des Montvalon et de leurs alliés. A son retour d’Italie, le lecteur pourrait penser que notre revenant va désormais vivre paisiblement entre les siens le reste de son âge… Il n’en est rien, et l’on découvre alors un récit aussi douloureux que précis du désordre des familles : plus d’argent que d’amour, plus de conflits, de luttes intestines et autres chicanes que de scènes paisibles de la douce vie de province, tissent le cours ordinaire des choses de sa vie.

Dans ce deuxième volet, Casimir fait les comptes d’une existence  » fertile en procès  » contre le monde entier, parents et amis, hommes politiques et académiciens, voisins, domestiques et paysans. De sa belle-mère qualifiée de  » Buonaparte en cotillons  » au criminel invisible qui met le feu à ses domaines, l’auteur décrit un véritable  » enfer « , univers funeste au sein duquel il campe un homme vertueux, fidèle à ses principes et profondément blessé par la persévérance de ses agresseurs  » dont les annales des peuples civilisés n’offrent pas d’exemple « .

Les explications qu’il donne à ses descendants  » pour leur utilité  » ne sont pas toujours très claires, mais l à n’est pas ce qui importe à l’historien, lequel n’entend pas mener l’ultime procès de Casimir. L’intérêt de ce récit autobiographique est ailleurs, et chacun pourra en décliner les variations multiples. Le fil politique peut être suivi à partir de son engagement enthousiaste dans les armées contre-révolutionnaires jusqu’à l’expression de son amertume vis- à-vis de Bourbons peu reconnaissants à son égard, et trouve un point final dans une rancœur en forme d’abstention ou d’exercice de fonction sélectives modestes. L’économiste fera son miel de l’énergie déployée par l’auteur du livre pour reconstituer et accroître son patrimoine par tous les moyens, contre vents et marées, d’héritages reçus de haute lutte, d’investissements et d’associations plus ou moins bien choisis.

Mais c’est sans nul doute à l’historien de la vie privée que revient la meilleure part, même si Casimir reste discret sur ses plus intimes secrets. Amour filial et conjugal inspirent ici quelques belles pages ; encore faut-il savoir lire en creux l’expression de terribles carences et profonds regrets avoués lisiblement au moment du décès des êtres chers. Quant au sentiment qu’il exprime vis- à-vis de ses enfants, l à aussi s’agit-il de lire entre les lignes et décrypter, derrière une trop apparente et froide distance, l’aveu d’une affection sans borne dévoilée par fragments. Au-del à de l’amour, la peinture de la vie quotidienne est également fort intéressante : l’auteur décrit, par exemple, de quelle manière il s’est préservé ou a été guéri de certaines maladies, grâce à des frictions d’eau-de-vie et autres  » bains de jambe fortement saturés de moutarde « .

Une question demeure pourtant : s’agit-il vraiment d’un Livre de Raison, comme le laisse entendre le titre même donné par son auteur au manuscrit ? Au sens strict du terme, ce livre n’est pas un registre de comptes, et l’on n’y trouve aucune liste de recettes et de dépenses propre à tout bon ménager soucieux de ses affaires. On sait qu’il dispose par ailleurs de ce type d’instrument domestique, non retrouvé dans ses archives, document trop modeste sans doute pour avoir retenu l’attention de ses héritiers. Cela dit, certains Livres de Raison, moins nombreux que les précédents, recèlent plus que de simples états comptables et témoignent de l’envie de leur auteur de noter tout ce qui peut être utile à la postérité.

Casimir de Montvalon va bien au-del à du désir d’être utile. Il fait plutôt œuvre de mémorialiste, dans la mesure où il construit son récit a posteriori en une sorte d’épopée dont il est volontiers le héros, parfois même au risque d’irriter son lecteur. C’est une mémoire reconstruite qu’il propose à ce dernier, à tel point que certains de ses proches ayant refusé sa version des faits, n’ont pas hésité à arracher ou à biffer des passages entiers jugés non conformes à la geste familiale. Ainsi, après sa mort, a-t-on persisté à attaquer ses convictions et à faire de lui un éternel déraciné.

Il nous reste ici à remercier très chaleureusement Claude-Alain Sarre d’avoir fait surgir de l’ombre le riche témoignage d’un homme au destin singulier et de permettre aujourd’hui sa lecture au public le plus large, intéressé par les écrits du for privé.

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DICTIONNAIRE DE LA NOBLESSE CONSULAIRE DE LYON

En 1267, suite à la vacance du siège archiépiscopal, les bourgeois de Lyon décidèrent d’élire douze d’entre eux pour gérer les affaires de la cité. Charles VIII conféra, par lettres patentes du mois de décembre 1495, la noblesse héréditaire pour les élus du Consulat, (documents détruits en 1793), l’usage fut alors de continuer deux ans de suite les échevins dans leur charge, en les renouvelant par moitié, chaque élu se faisait confirmer dans sa noblesse en allant déclarer au siège du Consulat qu’il désirait jouir de la noblesse héréditaire liée à ces fonctions, un seul d’entre eux, Léonard Bathéon, échevin en 1678, renonça sans réserve à son privilège de noblesse le 11 septembre 1691, il est à noter que si l’élu n’avait pas fait sa déclaration, ses héritiers pouvaient le faire à sa place. En 1594 Henri IV ordonna l’exclusion de sept échevins ligueurs, et en 1595 il réduisit le consulat à quatre échevins et un prévôt des marchands, avec droit de timbrer leurs armes d’un heaume taré de front, avec cimier et lambrequins, comme cela était d’usage à Paris. En 1624 eut lieu la première distribution des jetons consulaires, frappés des armes des élus, à titre de présent d’honneur aux membres, officiers et personnages dont le Consulat avait à récompenser les mérites. Les premières distributions furent intermittentes et elles ne deviennent régulières qu’à partir de 1652, date à laquelle la règle de distribution de jetons d’argent à la fin des deux années de chaque prévôté fut adoptée, et l’on distribua aussi des jetons de cuivre aux employés. Toujours confirmée dans leur noblesse héréditaire par chaque roi, cette prérogative leur fut contestée en 1634 par un édit qui considère la noblesse des prévôts et échevins comme personnelle. Expressément révoquée en mars 1667, la noblesse héréditaire des élus de Lyon fut rétablie en juillet 1691, confirmée en octobre 1704 et février 1705, pour ne plus être supprimée, mais la confirmation de la noblesse acquise fut alors soumise au paiement d’un droit, que l’on nomme : Quittances de Confirmation de Noblesse. A partir de 1711, les élus eurent le droit de timbrer leurs armes d’une couronne comtale et d’ajouter des supports à celles-ci, l’office de généalogie armorialiste du Consulat de Lyon, fut créé la même année, au bénéfice de Pierre-François Chaussonnet, (aux compétences très contestées), qui la transmis à son fils Noël. Cet office fut finalement aboli en 1789, et le consulat en 1790.

Liste des prévôts des marchands de Lyon anoblis par leur élection, de 1596 à 1790.

1596 à 1598. René Thomassin, chevalier, seigneur de Montmartin
1598 à 1600. Balthazar de Villars, seigneur de Laval
1600 à 1602. Pierre de Baillon, baron de Jons, seigneur de Saillant
1602 à 1604. Humbert Grollier, seigneur du Soleil et de Septeviel, chevalier de l’ordre de Saint-Michel
1604 à 1606. Artus Henry, seigneur de La Salle
1606 à 1607. Marie-Antoine Camus, seigneur du Péron
1607 à 1610. Pierre Scarron, seigneur de La Parerle, de La Tour du Pin, de Quinsonas, de Ceysseiu et de Saint-Try
1610 à 1612. Balthazar de Villars, seigneur de Laval
1612 à 1614. Jean de Sève, seigneur de Fromente et de Fléchères
1614 à 1616. Pierre Austrein
1616 à 1618. Aimé Barraillon
1618 à 1721. François de Merle
1621 à 1623. Pierre de Sève, seigneur de Montely
1623 à 1625. Pierre de Montconys, écuyer, seigneur de Liergues et de Pouilly
1625 à 1626. Jean Dinet
1626 à 1627. Balthazar de Villars, seigneur de Laval
1627 à 1630. François de Chaponnay, seigneur de Feysin et de Bellegarde
1630 à 1632. Mathieu de Sève, seigneur de Saint-André, de Fromente et de Fléchères
1632 à 1634. Claude Pellot, chevalier, seigneur de Port-David et de Sandars
1634 à 1636. Antoine de Pures, baron de Balmont
1636 à 1638. Jean Charrier, chevalier, seigneur de La Rochette
1638 à 1640. Eléonor de Baillon, baron de Jons, seigneur de Saillant
1640 à 1642. Pierre Loubat, chevalier
1642 à 1644. Alexandre Mascranny, chevalier
1644 à 1650. Pierre de Sève, baron de Fléchères,
1650 à 1652. Charles Grollier, écuyer, seigneur de Cazeault et de Bellescize
1652 à 1654. Gaspard de Montconys, seigneur de Liergues et de Pouilly
1654 à 1658. Jacques Guignard, seigneur de Bellevue, vicomte de Saint-Priest
1658 à 1660. François de Baillon dit Baglion, chevalier, comte de La Salle, baron de Jons, Seigneur de Saillans
1660 à 1662. Hugues de Pomey, seigneur de Rochefort, des Sauvages et de Rancé
1662 à 1664. Marc-Antoine du Sausay, seigneur de Jarnosse et de La Molière
1664 à 1666. Gaspard Charrier,écuyer,
1666 à 1667. Laurent de La Veuhe, chevalier, comte de Chevrières, baron de Cury
1667 à 1669. Paul Mascranny, écuyer, seigneur de La Verrière
1669 à 1670. Constant de Silvecane
1669 à 1671. Constant de Ponsaimpierre
1671 à 1673. Jean Charrier, chevalier, baron de Sandrans, seigneur de La Barge
1673 à 1675. Charles Grollier, chevalier, seigneur de Cazault
1675 à 1676. Philibert de Masso, chevalier, seigneur du Plantin et de La Ferrière
1676 à 1677. Lambert de Ponsaimpierre, seigneur du Perron
1677 à 1679. Balthasar de Champonnay, chevalier, seigneur de Pléméan,
1679 à 1781. Thomas de Moulceau, écuyer, seigneur du Mas
1681 à 1683. Louis Gayot
1683 à 1685. Lambert de Ponsaimpierre, seigneur du Perron
1685 à 1687. Claude Pécoil, seigneur de Villedieu de Reveux, de La Liègue et de Montverdun
1687 à 1688. Claude Pianello-Besset, seigneur de La Valette ;
1688 à 1689. Laurent Planelli, chevalier, seigneur de La Valette
1689 à 1691. Gaspard Barraillon, chevalier, seigneur de La Combe
1691. Etienne de Bartholy, chevalier
1691 à 1694. Jean-Baptiste Dulieu, écuyer
1694 à 1696. Mathieu de Sève, seigneur de Saint-André, de Limonets, de Villette et d’Egrelonges
1696 à 1700. Louis Dugas,écuyer, seigneur de Savounoux et de Bois-Saint-Just
1700 à 1703. Jean Vaginay, seigneur de Montpiney et de Léronde
1704 à 1708. Benoît Cachet de Montézan, chevalier, comte de Garnerans, seigneur de Balmont, La Poipe et Lurcy
1708 à 1716. Louis Ravat, seigneur des Mazes et de Monbelet
1716 à 1724. Pierre Chollier, chevalier, comte de Cibeins, baron d’Albigny, seigneur de Bully
1724 à 1730. Laurent Dugas, chevalier, seigneur de Bois-Saint-Just
1730 à 1740. Camille Perrichon, chevalier de l’ordre de Saint-Michel
1740 à 1745. Jacques-Annibal Claret, chevalier, baron d’Eveux seigneur de La Tourette et de Fleurieu
1745 à 1750. Hugues Rivérieulx de Varax, chevalier, comte de Varax, seigneur de Marsilly, de Civrieu, de Lozanne, d’Ars, de Plombost, de Saint-Nizier et de Veillères
1750 à 1752. Pierre Dugas, chevalier, seigneur de Turin, Quinsonas et Savounoux
1752 à 1764. Jean-Baptiste Flachat, écuyer, seigneur de Saint-Bonnet-des-Oules, chevalier de l’ordre de Saint-Michel
1764 à 1772. Charles-Jacques Leclerc, chevalier, seigneur de La Verpillière, chevalier de Saint-Louis
1772 à 1776. Claude-Espérance, marquis de Regnault, seigneur de Bellescize, de La Thibaudière et de Charlieux, chevalier de Saint-Louis
1776 à 1779. Claude Rivérieulx de Chambost, écuyer, seigneur de Chambost
1779 à 1784. Antoine Fay, chevalier, seigneur de Sathonay et d’Albonne
1784 à 1790. Louis Tolosan de Montfort, chevalier.