DICTIONNAIRE DES OFFICIERS DE L’ARMÉE ROYALE QUI ONT COMBATTU AUX ÉTATS-UNIS

INTRODUCTION

Ce dictionnaire qui comporte plusieurs dizaines de noms nouveaux d’officiers, dont on ignorait jusqu’alors le rôle et même l’existence, ne prétend cependant pas être complet et sans erreurs. Mais certaines omissions ne sont pas des oublis, seuls les officiers qui ont combattu sur le sol des États-Unis ont été étudiés et non tous ceux qui ont pris part à la guerre d’Amérique. On y a fait figurer également un certain nombre d’officiers à qui on a accordé le bénéfice du doute, mais qui n’étaient peut-être pas à Savannah ou à Yorktown avec leur régiment. On y trouvera également des notices sur des volontaires qui servaient dans l’attente d’un emploi d’officier, des aspirants du génie et sur quelques jeunes gens qui n’avaient pas servi dans l’armée royale, mais qui ont été nommés officiers après avoir combattu dans les rangs des insurgents ; les sous-officiers nommés officiers après leur passage aux États-Unis n’ont pas été étudiés. On a indiqué, dans un supplément à la suite de ce dictionnaire, les volontaires qui ont servi dans l’armée américaine, non officiers dans l’armée française, qui ne figurent pas dans l’ouvrage du commandant Lasseray, et que le hasard nous a permis de connaître.

Les officiers étudiés appartiennent à deux groupes distincts :

 

1) Les officiers qui ont servi comme volontaires dans l’armée américaine, qui sont un peu plus d’une centaine, et dont le nom est précédé d’un astérisque.

2) Les officiers des différents corps expéditionnaires, qui sont près d’un millier :
– Le corps expéditionnaire de d’Estaing, qui a combattu à Savannah en octobre 1779, était constitué par des unités venues de France (bataillons de Foix et de Hainaut), et par un grand nombre de détachements prélevés dans les régiments qui stationnaient aux Antilles ou à Saint-Domingue : Agenois, Armagnac, Auxerrois, Cambrésis, Champagne, Dillon, Gâtinais, Walsh, Belsunce-dragons, Condé-dragons, Metz-artillerie, Martinique, Guadeloupe, Le Cap, Port-au-Prince, grenadiers et chasseurs volontaires de Saint-Domingue, volontaires de Valbel, auxquels il faut ajouter les officiers d’état-major et des officiers volontaires (environ 285 officiers).
– Le corps de Rochambeau est arrivé aux États-Unis en juillet 1780 et a quitté le sol américain en décembre 1782, mais des officiers ont regagné la France après le siège de Yorktown et d’autres ne sont arrivés aux États-Unis qu’en septembre 1782. Il était constitué par les régiments d’infanterie de Bourbonnais, de Saintonge, de Soissonnais et de Royal Deux-Ponts, par la légion de Lauzun, dont la plus grande partie était montée, et par un bataillon du régiment d’Auxonne-artillerie. Ce corps expéditionnaire comportait un important état-major avec des officiers d’état-major, de très nombreux aides de camp, des officiers d’artillerie et du génie (496 officiers identifiés).
– Le corps de Rochambeau a été renforcé au moment du siège de Yorktown, en septembre-octobre 1781, par la division du marquis de Saint-Simon qui comprenait les régiments d’Agenois, Gâtinais et Touraine, un détachement d’artillerie du régiment de Metz et un corps de volontaires commandé par le baron de Saint-Simon (environ 214 officiers).
– Vingt-sept officiers appartenant à des détachements des régiments d’Angoumois, Bourbon, Bresse, Brie, Colonel Général, La Sarre, Maine, Monsieur, Picardie et Rohan, qui étaient en garnison des vaisseaux de la flotte de l’amiral de Grasse, ont pris part au siège de Gloucester avec la légion de Lauzun, pendant que l’essentiel des forces franco-américaines attaquait Yorktown.
– Dix-neuf officiers ont participé au siège de Pensacola dans le cadre d’une action franco-espagnole de mars à mai 1781. Ils appartenaient à des détachements des régiments d’Agenois, Cambrésis, Gâtinais, Orléans, Poitou et Metz-artillerie. La plupart d’entre eux ont ensuite pris part au siège de Yorktown.
L’effectif total des officiers des corps expéditionnaires qui ont combattu aux États-Unis est légèrement inférieur à la somme des effectifs des officiers des différents corps expéditionnaires, car plusieurs volontaires qui ont servi dans l’armée américaine ont également fait partie du corps de Rochambeau et quelques officiers ont pris part au siège de Savannah et également à celui de Yorktown. On arrive à un effectif total de 1 034 officiers environ.

Ce dictionnaire est destiné à remplacer ou à compléter les ouvrages suivants :

 

– Balch (Thomas), The French in America during the War of Independence, Philadelphie, vol. 2, 1895, 252 p. Les notices de cet ouvrage comportent parfois des erreurs et il y a de nombreuses omissions, mais ce livre a le mérite d’avoir ouvert la voie.
– Les combattants Français de la Guerre américaine (1778-1783), cet ouvrage publié par le ministère des Affaires étrangères en 1903, contient des listes d’officiers, de soldats et de marins. On n’y trouve guère que la moitié des officiers qui ont combattu aux États-Unis, il y manque notamment la légion de Lauzun et les officiers d’une douzaine d’unités qui étaient à Savannah. En revanche on y a fait figurer quelques dizaines d’officiers des régiments de Walsh et de Metz-artillerie qui n’ont jamais combattu aux États-Unis.
– Contenson (Baron Ludovic de), La Société du Cincinnati de France et la guerre d’Amérique (1778-1783), 1934, 311 p. Cet ouvrage est bien documenté et son information est sûre, on y trouve les notices biographiques des officiers qui ont obtenu la décoration de l’ordre de Cincinnatus – il y a cependant des omissions. Notre dictionnaire ne recoupe que très incomplètement ce livre qui contient aussi de très nombreuses notices sur des officiers de marine et des officiers qui ont fait la guerre d’Amérique sans avoir combattu aux États-Unis.
– Lasseray (Commandant André), Les Français sous les treize étoiles, 1935, 2, vol., 684 p. Cet ouvrage contient des notices biographiques sur les volontaires qui ont combattu dans l’armée américaine. Il repose sur des recherches minutieuses, mais néanmoins un certain nombre d’officiers n’ont pu être identifiés par le commandant Lasseray. Si nous avons pu compléter cet ouvrage, il est également sûr que plusieurs officiers qui ont combattu dans les rangs des insurgents nous ont également échappé.
– Dawson (Warrington), Les 2112 morts Français aux États-Unis de 1778 à 1783, 1936, 154 p. Cet ouvrage, il s’agit seulement d’une liste, complète utilement le livre qui a été publié en 1903 par le ministère des Affaires étrangères.
Des revues régionales ont également fait paraître des listes et des études sur les officiers originaires de leur province ayant pris part à la guerre d’Amérique, mais elles ne font guère que reprendre les ouvrages qui précèdent et apportent en général peu d’éléments nouveaux.

 

Les notices biographiques comportent trois parties distinctes :

 

1) Des renseignements sur la famille. Nous y avons fait figurer le maximum d’indications sur l’officier et sa femme, sur le nombre, la date de naissance et les prénoms des enfants. En revanche, les renseignements sur les parents, éventuellement les grands-parents, sont plus sommaires. Nous avons renoncé à mentionner tous les collatéraux, notamment parce que plusieurs dizaines d’officiers avaient une douzaine et plus de frères et de sœurs. Nous nous sommes en général bornés à citer les frères officiers, quand ils n’étaient pas trop nombreux.

 

2) Une description de la carrière militaire et éventuellement politique. Les états de service des officiers ont été légèrement abrégés, on n’a indiqué que la nomination de lieutenant et de capitaine qui correspond à la première nomination à ce grade, alors que certains officiers ont été lieutenant en second, puis en premier, capitaine en second, puis capitaine commandant, etc. Les références données permettent de retrouver facilement les états de service complets des officiers et d’obtenir des renseignements complémentaires sur eux.

3) Les références bibliographiques.

 

a) Références des sources d’archives.

Elles figurent sous forme de sigles :
S.H.A.T. : Service historique de l’Armée de Terre (château de Vincennes).
Nous n’avons fait figurer que les principales références, on n’y trouvera pas par exemple celles des archives administratives des régiments – sous-séries Xb (infanterie), Xc (cavalerie), Xd (artillerie) -, qui sont surtout utiles dans le cadre d’une étude générale, et qui nous ont apporté des éléments précis sur le comportement politique des officiers, mais dont l’exploitation pour des cas individuels pourrait apparaître comme difficile ou décevante.
Yb : il s’agit des registres matricules des corps qui donnent les états de service des officiers, qui n’ont pas tous un dossier individuel.
Travail du roi (sous-série Yd) : concerne la nomination au grade d’officier, ce fonds est classé dans l’ordre chronologique des nominations.
Trésor royal (sous-série 1 Yf) : correspond à un brevet de pension.
Dossier Ancien Régime (sous-série 1 Ye) : dossiers des officiers qui ont quitté l’armée avant la Révolution.
Dossiers individuels 1791-1847 (sous-série Ye) : dossiers des officiers qui ont servi pendant la Révolution ou en émigration.
Pensions 1801-1817 et 1818-1856 (sous-séries 2 et 3 Yf) : dossiers de pensions militaires des officiers.
Les références concernant certaines catégories particulières d’officiers, comme les commissaires des guerres, les généraux nommés en émigration, ont été données avec les précisions nécessaires pour retrouver les dossiers de ces officiers dans les diverses sous-séries où ils se trouvent.
A.N. :Archives nationales.
Les principaux fonds utilisés sont les séries D2C (registres matricules), E et EE Colonies, où l’on trouve les dossiers des officiers qui ont servi dans les colonies qui sont aujourd’hui à Aix-en-Provence (Centre des archives de la France d’Outre-Mer) et la série C7 Marine pour les officiers de la marine royale et celle de commerce. La série AD III contient des dossiers d’officiers qui ont servi dans les armées républicaines à l’époque de la Révolution. Les références de la série AF II, dont le contenu est analogue à celui des sous-séries Xb, Xc et Xd du Service historique, n’ont pas été indiquées pour les mêmes raisons.
A.D. : Archives départementales.
Il s’agit essentiellement d’extraits baptistaires et mortuaires.
B.N.F. : Bibliothèque nationale de France.
Ont été utilisés les collections du Cabinet des titres : d’Hozier, Chérin, Dossiers bleus, pièces originales et les preuves de noblesse des écoles militaires : Manuscrits français n°32 060 à 32 099.

b) Ouvrages imprimés.

 

Nous n’avons indiqué que les principales publications permettant de connaître les officiers. Bien que ceux-ci n’apparaissent pas toujours dans certains nobiliaires ou dans des notices généalogiques, nous avons néanmoins donné les références de ces ouvrages quand ils donnaient d’utiles renseignements sur la famille de l’officier.
Les indications sur les familles présentées à la cour sont tirées de l’ouvrage de M. François Bluche, Les honneurs de la cour, 1957, et celles sur la franc-maçonnerie des ouvrages de M. Alain Le Bihan, Francs-maçons parisiens du Grand Orient de France, 1966 ; Loges et chapitres de la Grande Loge et du Grand Orient de France, 1967 ; Francs-maçons et ateliers parisiens de la Grande Loge de France au XVIIIe siècle, 1973 ; et aux listes de M. Jean Bossu conservées au Service historique dans le fonds 1 K 19.