NOBLESSE DE BRETAGNE

INTRODUCTION

Pourquoi publier un ouvrage sur la Noblesse de Bretagne, un de plus, en ce début de XXIe siècle, diront certains. D’autres auteurs et depuis longtemps ont, certes, travaillé ou couru le thème. Bien évidemment, rien de bien nouveau reste à lui apporter, sinon de l’approcher autrement. L’objet du livre répond à l’esprit général du moment, qui est de réunir en ‘ un pack ‘, un ensemble, ce qui est épars et recouvre un même sujet, une même attente. Sans tomber dans les travers de la vulgarisation, ce livre vise à toucher dans les deux acceptions du verbe, un large lectorat : curieux, nostalgiques d’une France dont le caractère tend à se dissoudre par l’arrivée relativement massive de populations étrangères porteuses d’autres traditions et valeurs, et par la globalisation qui n’épargne pas la richesse des particularismes culturels, Bretons attachés à leur histoire, passionnés de généalogie ou d’héraldique, chercheurs et, pourquoi pas, dans le cadre de l’ouverture européenne, ceux qui, venus d’autres nations occidentales, ont choisi de vivre en Bretagne et souhaitent en connaître la culture et l’histoire. Et les nobles, souvent plus que d’autres, ont été des conservateurs de la mémoire bretonne. Ce sont eux qui prirent l’initiative de réhabiliter ses traditions et sa langue, maintenu ses espaces forestiers qui font la parure de la Bretagne, leur évitant d’être rasés pour laisser la place à la charrue. Par ailleurs, comme a bien su le dire l’universitaire Jean Meyer, dont les travaux sur la noblesse en Europe en général et sur la Bretagne en particulier font références, quand on parle de noblesse,  » de proche en proche, c’est tout l’écheveau social qui se dévide « . L’ouvrage rappelle ce que fut la noblesse, son principe et sa réalité dans le temps, s’attarde sur sa spécificité bretonne, cite sa place dans l’Histoire de France et dans celle de la Province et de ses institutions, notamment lors de certains évènements majeurs. Il énumère les familles nobles toujours présentes et connues, dont les premières attaches nobles ou les maintenues de noblesse (arrêts portant confirmation de noblesse) furent Bretonnes. Pour chacune d’entre elles, qui ont survécu aux temps, l’auteur apporte, sans être exhaustif, quelques éléments de leur passé, et pour beaucoup d’entre elles, leur établissement encore aujourd’hui en Bretagne. La lecture de ces fiches, outre l’intérêt qu’elles peuvent représenter pour ceux qui cherchent à connaître le passé des familles concernées, sont à même d’illustrer l’histoire de la noblesse bretonne et à travers elles le lecteur pourra s’approprier certains événements pour mieux saisir le fil de l’Histoire. Il convient d’ores et déjà de souligner que quelques familles authentiquement nobles et bretonnes doivent manquer à la liste. En effet, à défaut d’informations sûres et ne pouvant arbitrer sur la pleine réalité de leur noblesse comme le ferait la commission des preuves de l’ANF (Association d’entraide de la Noblesse Française) si elle était sollicitée par elles, le principe de ne pas les porter ici a été retenu. Par ailleurs, des familles se sont expatriées, par exemple à la Révolution, et nous n’avons pas nécessairement traces de leur postérité. Ne figurent pas non plus dans cette liste les familles nobles qui, bien qu’enracinées en Bretagne, ont été  » dépotées  » d’une autre province où est née et a été maintenue leur noblesse et n’y trouvent donc pas leur origine, à l’exception, toutefois, de quelques unes d’entre elles, qui ont montré voire démontré leur attachement à la Bretagne, citées en dernier lieu et en complément. Dans son catalogue de la Noblesse française, publié par les éditions Robert Laffont en 1989, Régis Valette énumérait 3 225 familles françaises dont le principe de noblesse lui apparaissait valable sur les quelques dix mille familles d’apparence noble, en s’appuyant vraisemblablement sur les travaux et listes de l’ANF (Association d’entraide de la Noblesse Française ). Sa deuxième édition, en 2002, n’en relevait plus que 2 230 noms en janvier 2002, mais ajoute quelques familles bretonnes initialement ignorées, dont certaines n’étaient toujours pas adhérentes à l’ANF en 2004 (des auteurs donnent un peu plus de 4.000 familles nobles subsistantes en 1975, contre plus de 5.000 en 1900, d’autres 3.000 ou 3.500 familles d’authentiques noblesses subsistantes en 2001, mais il s’avère, sinon aventureux de le postuler, quasi-impossible de le prétendre avec certitude en l’absence de moyens de vérification. C’est à partir de ce catalogue revisité que s’établit le nobiliaire breton qui forme la deuxième partie du présent ouvrage et qui adjoint à chacune des familles listées (plus de trois cent quatre-vingts), outre son blasonnement, une fiche de jalonnement de son histoire et de ses attaches géographiques dans le temps. Ces fiches ont été rédigées, pour la plupart, à partir des notices de nombreux nobiliaires, dont tout d’abord celles du  » Nobiliaire et Armorial de Bretagne  » de Pol Potier de Courcy, complétées voire largement enrichies ou amendées, après consultation de nombreuses sources, dont certaines sont considérées comme incontournables par les initiés. La première partie de ce livre prépare à l’appropriation de la seconde. En effet, il convient de connaître quels sont les principes attributifs de la Noblesse et ceux qui l’ont régi dans le temps. Au-del à de ces principes, il importe, d’une part, de voir quelle a pu être la place de la Noblesse en Bretagne lors des événements de son Histoire et dans les institutions pour en mesurer le poids, d’autre part, ce qui faisait sa particularité, son attachement aux réalités bretonnes. A partir de ce constat, fonder cette première partie sur une liste de rubriques abordant chaque question que l’on peut se poser, est apparu comme la méthode la plus simple à retenir. Ce choix induit quelques redites partielles afin de rendre compréhensibles les rubriques prises isolément.