GUERET. LA FORTERESSE VITRIFIEE DU PUY-DE-GAUDY ET LA VILLE DE GUERET

J.-B. THUOT

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Il fallait un historien fEru de sciences naturelles et d’archEologie, comme J.-B. Thuot, pour retrouver le passE de GuEret et en retracer les Etapes principales, tant l’antiquitE du site et ses ElEments gEologiques ont tenu une place importante dans son histoire. ConfrontE à  la raretE des documents et à  l’absence d’ouvrage consacrE à  la citE dans l’historiographie rEgionale, cet amoureux du chef-lieu de la Creuse a recensE les quelques archives disponibles et les objets qu’il a lui-même dEcouverts sur le terroir, pour en tirer des informations qu’il pouvait exploiter à  coup sà»r.  » Pour plus de sà»retE, note-t-il, nous nous sommes bornE à  dEsigner ceux (les objets) que nous-même nous avions recueillis.  » C’est grâce à  ce travail de dEcouvreur, rEalisE sur le terrain, qu’il a d’abord pu dEcrire, avec tant de charme et de minutie, la montagne du Puy-de-Gaudy, qui se trouve à  3 km, au sud-sud-est de la ville, Eminence qui domine le pays d’alentour et qui est à  l’origine de la ville de GuEret, avant d’Evoquer avec la même prEcision les occupants qui s’y sont succEdE et la manière dont ils ont utilisE ce lieu privilEgiE. L’exhumation de fragments de poterie (sEchEe), de bracelets en lignite, d’une monnaie d’argent  » au type de BElEnus  » et d’un grattoir en silex montre que la montagne fut habitEe par les Celtes ; de même que les traces d’un agger, des tuiles à  rebords, des dEbris d’amphores et une pointe de javelot (cuspis) rEvèlent un habitat gallo-romain. Et de la prEsence, pendant plus de deux siècles, des Visigoths, dans cet endroit, il ne resta longtemps que l’enceinte de leur forteresse, nommEe Ribandelle, fabriquEe en granit vitrifiE, avec du feu grEgeois. C’est après leur expulsion (au VIIIe siècle), dans le terreau même de ces trois civilisations que Waractum (puis Garactum et GuEret) fut fondEe, en même temps que son prieurE, rompant avec le paganisme prEcEdent, mais bEnEficiant de l’importance stratEgique du lieu au point de devenir aussitôt un centre administratif. Capitale du comtE dès le Xe siècle, sous une autoritE seigneuriale religieuse, la citE obtient, en 1406, une charte qui stipule que  » les habitants sont et seront en icelle ville de franche libertE et condition « , mais qu’ils devront payer au comte  » à  chacune feste de saint Michel, de taille franche, vingt livres tournois « . C’est en 1440 que Charles VII adressa, de GuEret, une lettre (le 2 mai) aux habitants du DauphinE, pour les engager à  ne pas prendre part à  la rEvolte dite de la Praguerie ; c’est en 1521, le 27 avril, que la Coutume de la Marche fut promulguEe au sein de la citE, en l’absence des dElEguEs de Felletin ; et c’est à  la fin du XVIe siècle que le château fut rasE sur ordre d’Henri IV, pour empêcher les ligueurs de s’y rEfugier. En 1635, nouvelle dEclaration d’hostilitE de Felletin, lors de l’Etablissement d’un prEsidial, à  GuEret, dont allait relever le comtE tout entier. La ville voisine crie à   » l’usurpation « . Et en 1790, quand GuEret est proposEe pour être le chef-lieu du dEpartement, c’est Aubusson, cette fois, qui proteste, allEguant de sa propre importance. Le dEbat est vif entre les deux citEs, mais c’est GuEret qui l’emporte. L’ancienne capitale du Pagus waractensis a encore gagnE.© Micberth

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Année de parution

2002