Le dôme des Invalides, la galerie des Glaces et la chapelle royale de Versailles, la place Vendôme… Qui ne connaît ces chefs-d’oeuvre de l’architecture française du XVIIe siècle? Célèbres dans le monde entier, ces ensembles qui chantent la gloire de Louis XIV ont un auteur commun : Jules Hardouin-Mansart (1646-17o8), petit-neveu du célèbre François Mansart. Son nom a survécu dans la mémoire collective, aux côtés de ceux de Le Brun, Le Nôtre, Molière, Racine ou Bossuet, parce qu’il symbolise avec eux le « Grand Siècle », ce moment de l’histoire nationale o๠le Roi-Soleil a tait des arts, et particulièrement de l’architecture, un instrument de pouvoir et de prestige d’un éclat incomparable. Paradoxalement, l’enivre immense d’Hardouin-Mansart, sa renommée comme sa réussite sociale exceptionnelle pour son temps ont fini par jouer en sa défaveur : n’a-t-il pas trop bâti pour être honnête? Y a-t-il un génie sous la perruque ou n’est-ce pas plutôt un courtisan habile, exploitant les talents de ceux qui l’entouraient? La question fut posée de son vivant. Pis : sa prolixité et son influence sur ses contemporains comme sur l’art d’une partie du XVIe siècle devaient brouiller la lecture de son oeuvre et de son style, confondus avec toute une époque baptisée classique par une commodité trompeuse. Trop imposant pour être oublié, mais trop célèbre pour être vraiment étudié, Jules Hardouin-Mansart revient enfin à la lumière et quitte ses habits d' » illustre inconnu », Le tricentenaire de la mort de l’architecte favori de Louis XIV, en 2009, inscrit parmi les célébrations nationales, a en effet été l’occasion de revenir sur cette figure majeure : en témoignent, entre autres, le colloque international tenu à Paris et Versailles en décembre 2008 et l’exposition » Bâtir pour le roi » du musée Carnavalet (printemps 2009), qui donnait à voir la puissance créatrice d’un grand artiste au service d’un grand prince. L’évidence solaire du génie de Jules Hardouin-Mansart appelait une grande étude, conjuguant les regards croisés des meilleurs spécialistes et une illustration aussi belle que l’oeuvre elle-même. Composée d’une série d’essais sur l’homme et sur son art, suivie d’un imposant catalogue de l’oeuvre bâti, o๠apparaissent, à côté de nombreuses mises au point, plusieurs édifices inédits, cette monographie collective dirigée par Alexandre Gady, professeur d’histoire de l’art moderne (université de Nantes), réunit une cinquantaine d’auteurs français, allemands et anglais. Richement illustré de nombreux documents et de magnifiques photographies spécialement commandées à Georges Fessy, ce volume constitue une somme indispensable sur l’un des plus grands architectes français.