La Révolution française plongea nombre de ses contemporains dans un état de sidération. Parmi eux, l’ancien jésuite Augustin Barruel s’était rendu célèbre en rédigeant son Mémoire pour servir à l’histoire du jacobinisme, un ouvrage qui marqua les imaginations par la hardiesse de sa théorie. La France éternelle, soutenait l’abbé, était viscéralement incapable d’imaginer et encore moins de fomenter le coup extraordinaire qui allait bientôt frapper tant le trône que l’autel. Un dessein si funeste et criminel ne pouvait émaner que de l’étranger, et c’est à la recherche des coupables que, en cinq tomes, le bouillant Barruel avait su magistralement démasquer une conjuration infernale, tapie dans le fouilli des principautés du Saint-Empire, exhumant une sorte de triangulaire entre les despotes éclairés, leurs amis et correspondants philosophes et surtout les sociétés secrètes.

Sous forme d’une contre-enquête s’étendant de la mort de Louis XIV à celle de Louis XVI, le présent ouvrage retrace l’émergence de ces sociétés dont le secret a suscité tant de curiosités et d’interrogations, afin d’esquisser son implication réelle dans le cours de la grande histoire et tenter de dénouer le vrai du faux dans les propos passionnés de l’abbé Barruel.
Éric de Haynin se destinait à l’histoire du droit lorsque sa carrière bifurqua vers la finance et même la radio. Spécialiste de l’histoire du Saint-Empire, il a notamment publié : une biographie du cardinal de Rohan impliqué dans l’affaire du collier (Perrin, 1997), une histoire de Mulhouse (Motoco, 2018) et celle des princes-évêques de Strasbourg (La Crosse & l’Épée, I.D. l’édition, 2020). Il est membre de l’académie d’Alsace.