Napoléon est un bibliothécaire qui ne s’ignore pas. C’est la conclusion surprenante de cette étude, la toute première du genre, à partir des documents d’archives et des papiers Saint-Denis, son « garde des livres », inconnus pendant deux cents ans. À Sainte-Hélène, l’ex-Empereur ne fut pas seulement en lutte avec son geôlier sur les questions de titre, de finances et des limites de l’enfermement, ni le malade, ni l’historien de son règne. Il fut aussi le gestionnaire de sa bibliothèque, une activité qui dépasse de loin sa passion de la lecture. Il finit par s’y investir totalement, comme dans le seul domaine où il pouvait retrouver son pouvoir perdu. La bibliothèque est une autre facette du Napoléon prisonnier largement ignorée jusqu’à maintenant. À la faveur de cette histoire, c’est bel et bien un portrait jamais dessiné des dernières années de Napoléon, celle d’un homme qui retrouve une de ses plus vieilles passions, sur laquelle il concentre ses dernières forces, ses derniers espoirs. Jacques Jourquin, éditeur et historien, est vice-président de l’Institut Napoléon. Il a publié des biographies, des éditions critiques de Mémoires et de nombreux articles sur le Premier et le Second Empire. Spécialiste des maréchaux, il est l’auteur du Dictionnaire comparé des maréchaux du Premier Empire (grand prix de la Fondation Napoléon) et de l’ouvrage Les maréchaux de la Grande Guerre (SOTECA, 2008).