La désastreuse invasion de la Franche-Comté par Henri IV en 1595 a mis en lumière la faiblesse de l’armée
comtoise. Dès la fin de la guerre, les autorités locales proposent au souverain un projet de réforme des forces militaires pour garantir la sécurité du pays. Il sera adopté par l’archiduc Albert par un édit en 1610, et la version définitive du texte sera entérinée par le roi d’Espagne Philippe IV en 1629. Il aura fallu plus de 30 ans pour faire aboutir les discussions et surmonter la virulente opposition des 3 corps de la société (clergé, noblesse et tiers État) à la nouvelle organisation de l’armée. L’affrontement avec le pouvoir de Bruxelles amènera la province au bord d’une crise politique majeure. Hier, comme aujourd’hui, toute remise en cause de «l’ordre ancien», toute charge supplémentaire sur la population suscitent une violente contestation sociale où la défense des intérêts particuliers de chaque groupe prend le pas sur l’intérêt commun.
Cet ouvrage s’intéresse plus particulièrement à la réforme de l’arrière-ban qui constitue la cavalerie de l’armée provinciale composée de la noblesse locale. L’édit de 1610 fixe sa taille à 500 cavaliers – ramenés à 400 en 1618 – et l’organise en une forme d’arme unique, le cheval léger. L’un des objectifs de la réforme est de mettre en place une participation égalitaire de chaque membre du second ordre au service de l’arrière-ban. Pour atteindre ce but, le gouvernement local installe une commission chargée de répartir la contribution de chaque noble en proportion de son revenu. Le résultat de son travail, appelé «répartement», est publié en 1614. La réduction à 400 chevaux légers de l’arrière-ban nécessite la réalisation d’une 2e version du répartement qui sera diffusée en 1626. Les informations contenues dans ces documents constituent une source d’information exceptionnelle pour la connaissance de l’état de la noblesse comtoise, de ses
fiefs et de ses revenus, à l’aube du XVIIe siècle. À partir des données livrées par ces manuscrits, le présent ouvrage dresse, dans sa dernière partie, un «dictionnaire» de la noblesse du comté de Bourgogne existant en 1614/1626, période charnière qui voit la province revenir sous la souveraineté du roi d’Espagne après «l’heureuse parenthèse» des archiducs Albert et Isabelle.