1860. Etonnant ouvrage que ce rEcit d’Alexandre Dumas, au demeurant peu connu, qui se situe aux antipodes de l’univers du romancier et qui apparaà®t même, outre ses qualitEs intrinsèques, comme un superbe pied de nez fait à  tous ses dEtracteurs ; en effet ce conteur nE à  l’imagination fEconde, dont on critique souvent cette manière bien à  lui qu’il aurait de dEvergonder l’histoire, se fait ici lui-même historien, soucieux, avant tout, de rigueur et d’exactitude. Certes, les EvEnements EvoquEs dans La Route de Varennes figuraient dEjà  en bonne place dans la littErature dumassienne (voir La comtesse de Charny et Louis XVI) : Dumas y avait relatE la fuite du roi et de la famille royale en 1791, dEcrit les complicitEs et les soupçons, les dEguisements et les maladresses des fuyards, les coups du sort et l’humiliation finale ; mais ce qui apparaà®t ici comme une totale nouveautE chez l’auteur du Comte de Monte-Cristo, c’est sa volontE d’objectivitE. Il note d’ailleurs ceci, dans son avant-propos : ” J’Etais, dans mon double rEcit, tombE, dans un certain nombre d’erreurs que quelques-uns de mes lecteurs de Châlons, de Sainte-MEnehould et de Varennes avaient relevEes avec une bienveillance tout amicale… “. Aussi, convaincu que ” la fuite à  Varennes est le fait le plus considErable de l’histoire de France “, il montre de facto qu’il est capable de faire un voyage sur les traces du roi fuyard et de sa famille, soixante-quatre ans après les faits ; de relever, d’après les pièces authentiques, les erreurs commises par les historiens qui n’avaient pas vu les localitEs concernEes (et qui ne cessaient de tEmoigner à  charge contre ses ouvrages) ; mais aussi de retracer, Etape par Etape, l’odyssEe royale et d’ajouter aux rectifications exigEes, ” les dEtails pittoresques que pourraient donner les tEmoins oculaires : M. Nicaise à  Châlons, M. Mathieu à  Sainte-MEnehould et M. Bellay à  Varennes “. Un document exceptionnel, passionnant comme un roman et prenant comme un fait d’actualitE. © Micberth