1909. Rares sont les monographies qui rEvèlent à  leurs lecteurs d’hier et d’aujourd’hui la France rEelle : celle que même les autochtones mEconnaissent dans ce qu’elle a  » d’infiniment inEdit, de nouveau, de remarquable, d’intEressant, le tout relevE par des rEflexions sErieuses et des rapprochements instructifs entre le passE et le prEsent « . C’est le cas de l’ouvrage de l’abbE Corriol consacrE à  cette superbe rEgion des Alpes-de-Haute-Provence autour du Brusquet (Lauzière et Le Mousteiret), comprise dans le canton de La Javie et dont l’histoire est passionnante à  plus d’un titre. Il y a sans aucun doute la richesse des informations fournies (du Xe siècle au dEbut du XXe), mais aussi un passE flamboyant avec la crEation de la fEodalitE locale contre les Sarrasins, l’Erection des Lauzière qui  » acquirent une puissance considErable dans la rEgion  » et connurent une fin tragique, les chanoines seigneurs de Lauzière et les Evêques barons, mais  » il faisait bon vivre sous la crosse au Brusquet « … Autres rEalitEs qui vont contre toutes les idEes reçues : les concessions de terres aux paysans, en l’annEe 1013, par l’archevêque d’Arles, l’existence de nombreux petits propriEtaires sous le bon roi RenE (XVe siècle), ou la seigneurie de la Javie, composEe, en 1625, de 192 portions rEparties entre deux douzaines de coseigneurs, parmi lesquels on trouvait des paysans, des bourgeois, un tisserand, un marEchal et quelques nobles… Même la vie municipale, dEcrite par l’auteur,  » intense sous l’Ancien REgime  » rEserve des surprises : l’Elu est responsable de sa gestion sur sa personne et sur ses biens. Quant à  la justice, confiEe en principe aux reprEsentants des seigneurs, elle est souvent rEglEe par les tribunaux d’arbitrage ; c’est ce que nous apprennent les archives notariales. L’Eglise, qui crEe des Ecoles (au Brusquet et au Mousteiret), un hôpital et des Etablissements de bienfaisance, favorise cet esprit de concorde. Ce qui n’exclut pas les privilèges constitutifs et un  » mEcontentement contre le rEgime Etabli qui se manifeste dans nos petits villages  » avant la REvolution. © Micberth