Dominant la vallée du Rhône au sud de Vienne, la « Tour d’Albon » (Drôme) est un site emblématique de l’histoire du Dauphiné. il a fait l’objet d’un long programme de recherches archéologiques et historiques, qui a mis au jour un important ensemble palatial inédit, écrivant en parallèle l’histoire de ce centre de pouvoir, de ses origines et de son évolution au cours du Moyen Âge. À partir du Xe siècle en effet, une famille aristocratique portant le prénom dynastique de Guigues apparaît dans la partie méridionale du comté de Viennois, où elle fonde le château d’Albon à proximité de l’ancien domaine gallo-romain d’Epaone. Détenteurs dans la zone d’un vaste patrimoine foncier basé sur des alleux et des terres fiscales, ces nouveaux comtes font de cette forteresse, au cours des XIe et XIIe siècles, le centre d’une importante seigneurie, noyau primitif d’une principauté territoriale qui prend au siècle suivant l’appellation de Dauphiné. Avant fouille, le site médiéval se présentait comme une simple motte castrale surmontée d’un donjon carré et séparée du plateau par un profond fossé. Les recherches concentrées sur la plateforme au pied du tertre ont mis au jour plusieurs édifices dont elles fournissent une chronologie assez fine. La première implantation, à la fin de l’époque carolingienne, est constituée de bâtiments de bois et d’une petite chapelle maçonnée, ainsi que d’une zone d’ensilage, protégés par un petit rempart du côté du plateau. La fin du XIe siècle voit la construction d’un ensemble monumental de pierre comprenant un bâtiment palatial de grandes dimensions et l’agrandissement de la chapelle castrale, complétés au début du XIIIe par l’édification de la tour sur motte, de bâtiments annexes et d’une enceinte de pierre. À la fin du Moyen Âge sont entrepris des travaux de transformation, bien documentés par ailleurs par les comptabilités conservées, et d’aménagement du bourg castrai qui s’étend au pied du château et lui est relié par une enceinte. Une analyse des mobiliers (céramique, verre, objets métalliques…) et une étude documentaire approfondie (enrichie par la réédition d’une cinquantaine de chartes et diplômes), permettent de retracer la genèse et l’histoire dynastique de la famille d’Albon, l’évolution de sa politique et de sa position régionale, sans oublier les caractéristiques et les évolutions architecturales de ce lieu central du pouvoir comtal avant qu’il ne soit délaissé.