Yeshwant Rao Holkar II (1908-1961), dernier maharaja d’Indore, est la figure même du maharaja moderne. Jeune esthète curieux, conscient de son absence de pouvoir politique dans une Inde sous domination britannique, ce richissime héritier épris de modernité part dès sa vingtième année à la conquête de l’Europe et des États-Unis et se jette à corps perdu dans les années folles. Marié à seize ans à la maharani Sanyogita Devi qui en avait neuf, le jeune prince rencontres de nombreuses personnalités de l’époque, dont certaines qui marqueront sa vie entière, comme (Man Ray, Constantin Brancusi, Henri-Pierre Roché, Jacques Doucet ou Eckart Muthesius). Le couple mythique se fait grand mécène des artistes occidentaux des années 30 qui raffolent du jeune prince-dandy et de sa très jeune épouse. Le Corbusier, Jacques-Émile Ruhlmann ou encore Eileen Gray décorent l’incroyable palais Art déco qu’il se fait construire avec audace au cœur de l’État du Madhya Pradesh. Mais derrière cette icône de l’élégance et d’un style de vie devenu modèle pour les autres princes indiens, s’en cache une autre, plus mystérieuse. Fragile et instable, mélancolique, déchiré entre les deux mondes irréconciliables qu’il habite — l’Inde et l’Occident —, refusant d’appartenir à aucun, il se retire peu à peu au gré des drames de sa vie, abandonne son projet d’autobiographie, brûle discrètement ses correspondances, comme pour effacer sa postérité. Une biographie inédite d’un personnage extraordinairement inspirant, qui se lit comme un voyage au cœur des années folles mais aussi comme une traversée de l’Inde en voie d’indépendance, tiraillée entre culture coloniale, culture traditionnelle indienne et modernité artistique. Géraldine Lenain est historienne de l’art, travaillant depuis plus de vingt ans sur plusieurs continents comme spécialiste en arts asiatiques reconnue internationalement sur le marché de l’art. Elle vit actuellement en Inde. Elle a déjà publié Monsieur Loo. Le roman d’un marchand d’art asiatique (Philippe Picquier, 2013).