« Faites l’amour, pas la guerre » : telle n’aurait certainement pas été la devise du marquis de Valfons. Si l’on en croit ses Souvenirs, il a autant fait l’amour que la guerre. Et toujours dans la joie. Né à Nîmes en 1710, ce petit gentilhomme languedocien embrasse simultanément la carrière des armes et celle d’un don Juan aux aventures piquantes, que lui facilitent ses fréquents séjours à Versailles. A vingt ans, il est déjà au fait des secrets de la cour. Quasi incognito, il assiste au début de la liaison de Louis XV avec Madame de Pompadour. Chose rare, il plaît aux femmes sans se faire haïr des hommes, d’o๠le nombre de ses amis aussi élevé que celui de ses maîtresses, qu’il désire, qu’il aime à sa façon, celle du libertin accompli. Aide de camp préféré du maréchal de Saxe, distingué par le roi et les ministres, il devient l’un des gentilhommes les plus répandus dans le monde. Consécration suprême : le monarque l’invite aux soupers des petits cabinets. Mais il ne doit pas à ses seuls talents de courtisan son avancement rapide dans l’armée. Sa bravoure, son intelligence de la tactique, son humanité à l’égard des soldats justifient ses promotions : le militaire-philosophe se cachait sous les atours du petit-maître. Troussés d’une plume alerte et spirituelle, ses Souvenirs sont l’une des plus vivantes chroniques de la cour et des camps au XVIIIe siècle.