1814, 1815, 1830, 1848 et 1870 : une cascade d’abdications qui ont marqué l’histoire de France. En seulement deux générations tous les modèles monarchiques s’effondrent soit deux empires et deux monarchies constitutionnelles (Restauration et monarchie de Juillet) sous le coup des défaites militaires (1815,1870), de complots (1814) et de révolutions (1830, 1848). Avec son talent coutumier, Charles-Eloi Vial conjugue la fluidité du chroniqueur et la profondeur de l’historien pour nous raconter l’histoire des chutes successives de Napoléon, Charles X, Louis-Philippe et Napoléon III. Utilisant avec bonheur sources imprimées et manuscrites (souvent inédites), il raconte les petites et la grande histoire de la fin de l’idée monarchique qu’elle soit légitimiste, bonapartiste ou orléaniste. Si le mot abdication recouvre plusieurs réalités – déposition forcée, renonciation volontaire ou départ précipité entériné a posteriori par un nouveau pouvoir –, toutes ces fins de règne ne firent en réalité que perpétuer, tout en les remettant au goût du jour, des modèles anciens. Les derniers souverains de notre histoire étaient sans le savoir des héritiers des déchéances passées, vivant dans un siècle fasciné par l’histoire et par les tragédies. Mêlant la mystique du pouvoir aux considérations politiques, diplomatiques ou juridiques les plus complexes, offrant des récits riches en suspense, ces déchéances successives de 1814, 1815, 1830, 1848 et 1870 ont aussi pour caractéristique paradoxale de renvoyer une autre image du régime qu’elles terminent, comme si la nature même d’un pouvoir souverain ne se dévoilait jamais mieux qu’au moment de sa disparition. Le XIXe siècle fut peut-être le siècle des révolutions, mais il fut aussi celui des couronnes brisées, une épidémie ayant frappé toute l’Europe, dont les abdications contemporaines des XXe et XXIe siècles sont les héritières directes.