LES DERNIERES DAMES DE MONTARGIS : RENEE DE FRANCE ET ANNE D’ESTE

LELOUP AUDIBERT, H.

25,00

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Depuis de nombreuses années, Anne d’Este et Renée de France sont l’objet de l’attention toute particulière des historiens locaux, et d’Huguette Leloup en particulier. L’ouvrage est l’aboutissement de toutes ces recherches menées au sein de la Société d’émulation et des Amis du Vieux Montargis. Renée de France et Anne d’Este sont-elles des figures locales ou des personnages incontournables de l’histoire de France ? Voilà  bien le choix que toutes les biographies antérieures se sont contentées de faire. Elles sont les deux, et Huguette Leloup montre, pour la première fois, combien les contingences locales interfèrent avec les réalités nationales. Entre 1560, date de l’arrivée de Renée à  Montargis, et 1607, à  la mort d’Anne, il y a une  » exception montargoise « . Voilà  deux femmes de la Renaissance, éprises d’art et de littérature, destinées par leur naissance à  une vie de cour futile. Et voilà  que les événements les obligent à  assumer leur rôle de Dames, c’est-à -dire à  exercer le pouvoir de la seigneurie de Montargis. Elles l’exercent avec un mélange d’autorité et de tolérance, et savent se prévaloir au besoin de leur sang royal, hérité d’Anne de Bretagne et de Louis XII. La mise en perspective des deux biographies permet de mieux mesurer la liberté que les événements laissent aux deux femmes, et la liberté qu’elles se forgent elles-mêmes. Mais ce pouvoir de femmes s’exerce au milieu de guerres d’hommes, terribles et fratricides, dans une des périodes les plus troublées du royaume de France.  » Guerres de religion », dit-on. Renée, empêchée d’être ouvertement protestante, et Anne, contrainte d’être farouchement catholique : Renée et Anne sont sans doute les premières à  avoir compris qu’en fait de  » guerres de religion », il s’agit de guerres de pouvoir, dans lesquelles la religion est prétexte. Comme toujours… Avoir compris cela a sans doute permis à  Montargis d’échapper aux grands massacres. On n‘hésitera pas à  dire que cet ouvrage savant se lit comme un roman. On garde longtemps en mémoire la réponse de Renée à  son assiégeant Malicorne, qui avait mission de l’expulser de son château :  » Malicorne, avisez ce que vous entreprenez ; car il n’y a homme en ce royaume qui me puisse commander que le roi : et si vous en venez là , je me mettrai la première sur la brèche pour essayer si vous serez si audacieux que de tuer la fille d’un roi. » Quant à  Anne d’Este, est-ce le sang des Borgia qui la transforme en  » mère louve » ou un désir légitime de vengeance contre ceux qui ont assassiné son mari et ses deux fils ? Cette lecture des biographies croisées de Renée et d’Anne est donc passionnante, mais elle est aussi nécessaire. Elle donne des clés pour les grandes interrogations de notre temps : interrogations sur les limites de la tolérance, sur l’exercice du pouvoir féminin, sur la complexité de l’engagement, sur les risques de l’irrationnel religieux. Le XVIe siècle n’est pas si loin…

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