C’est le regard contemporain sur l’Émigration d’une femme engagée dans la Contre-Révolution et dont ces souvenirs représentent une source exceptionnelle pour connaître la vie des Émigrés restés fidèles au Roi après Brumaire. Mais ce document inédit nous offre surtout le vécu au jour le jour d’une émigration européenne pendant la Révolution et l’Empire. Paradoxalement, grâce à la Révolution, elle va rencontrer son mari. Comme elle le dit : « Sans tous les événements qui ont bouleversé les projets et le sort de chacun, je n’aurais pas été Mme de La Ferronnays ni la mère de Messieurs et Mesdemoiselles de La Ferronnays, ce qui, Dieu me pardonne, serait capable de me faire aimer la Révolution ! » Elle, en effet, de noblesse de Cour, née Albertine de Montsoreau, épouse à 19 ans le vicomte Auguste de La Ferronnays, de très ancienne famille bretonne. Mais l’Histoire qui les réunit va souvent les séparer. Car Auguste, devenu aide de camp du duc de Berry et agent secret royaliste, parcourt l’Europe au péril de sa vie. À partir de leur correspondance quasi quotidienne et fusionnelle, et longtemps après les événements (1840), elle écrit ce récit destiné à leurs enfants pour les éclairer sur la jeunesse de leurs parents, vécue dangereusement (comme celle des migrants actuels !). C’est aussi un roman, d’une vie intense et dramatique, qui demeure constamment ouvert au théâtre, à la musique, à la mode, à la danse et aux rencontres qui permirent à Albertine de supporter avec une courageuse gaîté cet exil interminable de 23 années, et nous permettent à nous lecteurs de ne jamais nous ennuyer.