Le 21 juillet 1944, Nina, l’épouse de Claus von Stauffenberg, l’auteur de l’attentat manqué contre Hitler, informe ses enfants que leur père a commis une faute grave et qu’il a été exécuté pendant la nuit. Ils n’apprendront la vérité qu’à la fin de la guerre lorsqu’ils comprendront que le mensonge de leur mère les avait protégés. « La famille Stauffenberg sera anéantie jusqu’à son dernier membre », annonçait Himmler, le 3 aout 1944. Désormais, pour les familles des conjurés il ne s’agissait plus de politique mais de survie. La Sippenhaft, la politique selon laquelle toute la famille devenait complice des crimes commis par un des siens, signifiait que Nina et ses enfants seraient arrêtés, interrogés, et peut-être exécutés. Elle est arrêtée deux jours plus tard, et commence alors près d’une année d’isolement : dans les prisons SS, puis dans le camp de concentration de Ravensbräck et, enfin, dans les hôpitaux. Ses enfants sont enlevés par les nazis et placés dans un orphelinat sous un faux nom, dans le but d’être adoptés. Enceinte, c’est sans doute sa grossesse qui a épargné à Nina l’exécution ; elle a donné naissance à sa fille Konstanze en prison. Basée sur des entretiens, de nombreux documents, lettres et archives, mais aussi des histoires orales transmises de génération en génération, cette chronique familiale se confond avec la grande Histoire dans ses moments les plus tragiques. Le destin exemplaire de Nina von Stauffenberg, courageuse et solitaire, ne s’autorisant aucune faiblesse, prouve sans doute que, sans des femmes fortes à leurs côtés, les hommes du 20 juillet n’auraient pas pu se lancer dans une entreprise extrêmement risquée. Ce livre rend hommage à toutes ces héroïnes inconnues et silencieuses. Nina épouse Claus von Stauffenberg le 23 septembre 1933 ; cinq enfants sont nés de ce mariage : Berthold, Heimeran, Franz Ludwig Valérie et Konstanze. Le cinquième enfant, Konstanze, l’auteur de ce livre, est née en captivité, le 27 janvier 1945, à l’hôpital de Francfort-sur-l’Oder. Elle a conçu son livre comme une lettre d’amour à sa mère décédée le 2 avril 2006, à l’âge de quatre-vingt-douze ans.