Aux XVII et XVIIIe siècles la tendance des élites nobiliaires à résider en ville s’affirme, attirées par le dynamisme urbain et les fastes déployés par la cour, dès lors que celle-ci y siège de façon pérenne. Qu’elles soient acquises à l’urbanité ou qu’elles conservent un lien étroit avec leurs seigneuries, qu’elles émargent assidûment au service du prince ou qu’elles ne fréquentent la cour qu’épisodiquement, ces noblesses usent de la ville de résidence comme d’une scène à même d’illustrer leur éminence sociale et politique. Envisager la noblesse dans la ville de résidence princière, c’est questionner, à travers le prisme urbain, les contours de l’institution curiale, faire apparaître les points de contact et les interstices dans lesquels se nouent les relations entre le courtisan et la dynastie régnante. C’est aussi interroger les appartenances et les identités multiples développées par ces élites. L’habitat et les pratiques immobilières, la sociabilité, le mécénat et les investissements économiques, ou même le simple séjour sont autant d’entrées qui permettent d’éclairer la multiplicité des leviers mobilisés par les élites pour marquer l’espace urbain, à tel point que l’absence du prince – lorsqu’il règne à distance – ne paraît pas entraver la vie de cour. En abordant aussi les villes de cour sans prince, cet ouvrage fait le pari de montrer que la cour n’est pas forcément toujours là où réside le prince.