De la bataille de Bouvines en 1214 à la mort de Philippe le Bel un siècle plus tard, le pouvoir capétien connut un essor irrésistible, appuyé sur une idéologie inspirée par le christianisme : le « très chrétien » roi de France était présenté comme bénéficiaire privilégié de la faveur divine, la France, comme Terre sainte et les Français, comme peuple élu. Des croisades du saint roi Louis au conflit avec le pape Boniface VIII, le récit de cette période où l’Église et le pouvoir royal s’imbriquent et s’affrontent est traditionnellement dominé par un point de vue très masculin. Pourtant, au cours de ce long XIIIe siècle, des saintes femmes furent liées, de gré ou de force, à la dynastie capétienne qui n’hésita pas à s’en servir pour asseoir sa légitimité en renforçant sa sacralité et sa prédestination à la sainteté. Sean L. Field retrace les fastes et les déboires de ces mulieres sanctae qui surent inspirer une crainte matinée de fascination : Isabelle de France, Douceline de Digne, Élisabeth de Spalbeek, Paupertas de Metz, Margueronne de Bellevillette et Marguerite Porete. L’analyse de leurs actions, racontées par elles-mêmes ou par d’autres, met au jour un modèle de sainteté royale à la française, tout en dévoilant le rapport ambivalent que la cour entretint avec le sacré et ses incarnations féminines.