C’est dans un grand silence que le centenaire de l’écroulement du front d’Orient, prémisse de la fin de la Grande guerre, a été commémoré. La France aurait-elle oublié cet instant décisif ? Ou bien le fait que la victoire d’Uskub – devenu Skopje, capitale de la Macédoine du nord soit essentiellement dûe aux spahis marocains et aux chasseurs d’Afrique, aurait-il en quelque sorte « rétrogradé » cet événement essentiel dans la liste des faits d’armes structurant de la Première Guerre mondiale. Deux ans plus tard, la 58-me promotion de l’Ecole Militaire Interarmes est heureusement baptisée du nom de cette bataille. Et en hommage aux spahis marocains, ce livre consacré à l’uniformologie de ce corps de cavalerie très spécifique ouvre sur ce rappel nécessaire. Les spahis marocains se sont illustrés dans ces combats des années 1917-1918, sur un front éloigné tant de l’Afrique du nord que de la France métropolitaine. Et par un curieux clin d’œil de l’histoire, les spahis débarquent et guerroient sur les lieux de leur lointaine origine :les territoires de l’ancien empire ottoman. Car c’est aux spahis et aux Mamelouks, troupes de cavalerie de la Sublime Porte que les spahis doivent originellement leur vêture et leur harnachement. Fait rare dans l’histoire de l’armée française : les traditions de cette unité de cavalerie légère, constituée pour le soutien des troupes françaises d’Afrique sont essentiellement d’origine turque, influencées au fil du temps par sa présence de l’Afrique du nord, davantage que par les règlements tatillons de l’Armée. Et leurs tenues rouge garance, couleur distinctive de spahis, leur permet de rester dans toutes les mémoires.