1893. Disciple de Taine et de ses mEthodes objectives, l’abbE Chaillan, dans l’ouvrage qu’il consacre à  Trets et à  sa vallEe, ne se laisse Egarer ni par l’attachement qu’il voue à  sa petite patrie ni par ses convictions religieuses les plus profondes. Naturellement, il n’oublie pas son goà»t du terroir dans le choix de la ville dont il retrace l’histoire et il ne fait pas mystère de ses sentiments religieux quand il Evoque les moines de Saint-Victor, bienfaiteurs longtemps apprEciEs, mais cette double motivation ne l’empêche pas de dEcrire la rEalitE telle qu’elle fut : la prospEritE et la grandeur de Trets chef de vallEe, mais aussi ” le pays dEchirE entre des prEtentions rivales ” à  la fin du XVe siècle, ou le dEclin du prieurE au coeur du XVIIe. PortE par ces deux passions, il n’en garde pas moins l’oeil fixE sur des ” pièces rigoureusement authentiques “, tirEes des archives dEpartementales, communales et notariales, sur des outillages primitifs, amas de pierres et de briques et sur tant d’inscriptions, près des tombeaux et des temples, qu’il retrouve et dEchiffre… C’est ainsi qu’il peut faire revivre, pour les Tretsois d’aujourd’hui, une Epoque très lointaine, o๠les hommes gà®taient dans les cavernes et arpentaient ” nos vastes plaines “, la REpublique massaliète qui ” Ecrit la première ligne de notre histoire locale “, la terrible bataille de Marius contre les barbares et les temples paà¯ens auxquels se substituent bientôt les chapelles monacales ; il dEcrit aussi avec flamme Arlulfe et ses fils qui chassent les Infidèles, la puissance, l’Etendue, la juridiction et les vicissitudes de l’abbaye bEnEdictine dans notre vallEe et la saga des seigneurs de Trets du XIIIe au XVIIIe siècle, face aux institutions communales ; enfin il nous livre la biographie des hommes illustres de Trets et passe en revue toutes les oeuvres sociales, avant les dEsordres sanglants de la REvolution. Cette richesse dans l’Evocation et ce souci de la prEcision du dEtail qui apparaissent à  chaque page, fruit d’un travail inlassable, mais aussi d’une qualitE qui tient du flair et de l’intuition, permettent des dEcouvertes surprenantes et atteignent parfois à  une vEritable jubilation dans la recrEation des êtres et des choses. ” Rien n’est beau comme l’intelligence qui rEpare et Edifie, Ecrit-il à  la fin de son livre. Nous laissons Trets entreprendre, au lever du XIXe siècle, sa part de rEparation et nous lui souhaitons, au soir de ce même XIXe siècle, l’Economie de toute nouvelle catastrophe. “© Micberth