Étonnant destin que celui de Jacques-André Émery (1732-1811). Né au pays de Gex à proximité de la résidence de Voltaire, il choisit de rejoindre la Compagnie de Saint-Sulpice. Apologète engagé et ouvert à son temps, passionné par les écrits de Thérèse d’Avila et, de manière plus originale, par la pensée de Leibniz, Descartes et Bacon, il devient supérieur de la Compagnie de 1782 à 1810. C’est là qu’il doit affronter le choc de la Révolution. Refusant clairement la Constitution civile du clergé, il se montre plus conciliant avec les serments exigés ensuite par les gouvernements successifs, dans le but de permettre aux chrétiens de retrouver l’exercice de leur foi. Emprisonné pendant la Terreur, il est « sauvé » de la guillotine par l’événement du 9 thermidor. Fidèle au pape Pie VII, il est écarté par Napoléon du gouvernement du Séminaire de Saint-Sulpice en 1810. Il meurt l’année suivante au moment où l’empereur s’apprête à supprimer la Compagnie qui reprendra ses activités en 1814.