Dans ce livre pour la première fois traduit en français, on découvrira un excentrique comme seule l’Angleterre sait en inventer. Gerald Hugh (un excentrique ne saurait porter le prénom de tout le monde) Tyrwhitt-Wilson (un Anglais du meilleur monde se doit d’avoir un nom de famille à trait d’union), célèbre au Royaume-Uni sous le nom de Lord Berners, puisqu’il était en effet le quatorzième du nom, avait comme un roi français lui aussi quatorzième du nom le goût des arts et des châteaux. Né à la fin du XIXe siècle, il a passé une grande partie de son enfance à Farigdon House, immense demeure néo-gothique de la campagne anglaise qu’il décrit dans cette Enfance de château (paru en Angleterre en 1934), bijou littéraire piquant, acidulé, plein d’originalité et de style. Qu’attendre d’autre d’un homme qui faisait tremper les pigeons de son domaine dans de la peinture colorée parce qu’il trouvait leur gris hideux ? Lord Berners se raconte, de sa naissance à l’âge de onze ans, dans ce Faringdon House qu’il héritera quelques décennies plus tard, parmi une tribu d’aristocrates obsédés par les apparences et la chasse au renard. Un grand-père fou, une grand-mère préférant « le respect à l’amour », une tante sympathique à la « bêtise d’oiseau », sans compter les parents et les voisins, tous aussi improbables que maniaques. On veut faire de lui « un homme », il préfère le piano, les poupées, faire des farces, et les livres. Une éducation sentimentale qui ne pourra servir d’exemple à personne.