» Rien, absolument rien, ne me destinait à  l’existence qui fut la mienne et qui m’a conduit à  vivre des événements que je n’aurais jamais imaginés. Ma naissance, au sein d’une famille de petite bourgeoisie, dans une cité bien éloignée du centre du pouvoir, ne semblait me promettre qu’une vie uniforme et sans relief, dénuée de toute aventure prodigieuse, de toute rencontre exceptionnelle. Le bonheur éphémère de la grande passion amoureuse qui m’a lié à  une femme trop belle, trop capricieuse et surtout trop célèbre, n’efface point de mon esprit le souvenir des jours sombres et amers, des déconvenues mordantes qui lui ont succédé, comme si sa fin – prévisible toutefois – n’avait été que l’annonce de ma décadence et de mon rejet dans l’ombre. D’avoir côtoyé, un temps, les plus hauts personnages de l’état, d’être devenu l’ami passager de quelques-uns, cela m’a donné l’illusion d’une importance que je n’ai jamais eue, l’orgueil exagéré de paraître comme un grand de ce monde. » Avec Hippolyte Charles, un petit Dauphinois inconnu, nous entrons dans l’intimité des grands, ceux qui font l’histoire. Par son intermédiaire, nous sommes dans l’arrière-cour du pouvoir, ou plutôt dans son antichambre. Sa sulfureuse aventure amoureuse avec Joséphine, épouse de Bonaparte depuis un mois à  peine, nous restitue la vie de l’époque, les soubresauts du Directoire, l’installation du Consulat et l’avènement de l’Empire. N’y a-t-il pas meilleur angle de vue que l’intime pour redécouvrir et ressentir cette époque grandiose ?